«Je fais ce que j'ai envie de faire»

Livre / Dans un recueil d’entretiens avec Michael Henry Wilson, Eastwood acceptait comme jamais d’évoquer son travail de cinéaste. CC

Peu loquace en interview, généralement réticent à parler du contenu de ses films, Clint Eastwood a fait de sa parole de cinéaste une denrée rare. C’est ce qui rend le recueil d’entretiens réalisés sur plus de vingt ans par Michael Henry Wilson, co-réalisateur des docus de Scorsese sur le cinéma américain, aussi précieux. Wilson aborde Eastwood en cours de carrière, peu de temps après la sortie de Sudden impact. Il le rencontrera ensuite régulièrement à chaque sortie de films (évitant judicieusement les rares faux-pas de sa filmographie) et même au début de son éphémère carrière politique. Au fil des discussions, le mystère Eastwood se dissipe. Ses thèmes d’abord, à commencer par le rejet des institutions bureaucratiques qui brident la liberté individuelle. Une idée qui effectivement relie les Inspecteur Harry à Mémoires de nos pères, les films «d’auteur» aux films de genre. La méthode ensuite : Eastwood ne signe pas ses scénarios, mais les prépare méticuleusement. Soit il fait réécrire avant de tourner, soit il réécrit pendant. Quand un scénario lui plaît, il le filme tel quel (comme celui de Million dollar baby) ; il peut même dans la foulée passer commande au scénariste pour un autre script sur une idée de son cru (Helgeland avec Mystic River, Haggis avec Mémoires de nos pères). L’important pour lui est ensuite de tourner vite, avec une équipe similaire d’un film à l’autre comme une «opération commando», et une confiance absolue en son «intuition» résumée par la formule : «J’ai un point de vue, je m’y tiens». Quant aux choix de ses sujets, Eastwood est très clair : «il faut que ce soit une chose que j’ai envie de voir à l’écran». Avant de conclure, comme une conséquence de cette curiosité d’auteur et de spectateur : «Quand de nouvelles idées se présentent, je ne demande qu’à m’en saisir.» «Clint Eastwood, entretiens avec Michael Henry Wilson» (Éditions Cahiers du cinéma)

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 17 février 2015 En retraçant l’histoire de Chris Kyle, le sniper le plus redoutable de toute l’histoire américaine, Clint Eastwood signe un film de guerre implacable où la mise en scène, aussi spectaculaire qu’aride, crée la dialectique si chère au cinéaste pour...
Dimanche 8 janvier 2012 Clint Eastwood revient à son meilleur avec cette bio de J. Edgar Hoover, dont la complexité et la subtilité sont à la hauteur de cette figure controversée de l’histoire américaine. Christophe Chabert
Mercredi 16 février 2011 Genre / Donné pour mort après le passage de Sergio Leone et de Sam Peckinpah, le western reste un genre populaire, un film venant à intervalles réguliers le (...)
Jeudi 13 janvier 2011 Du drame surnaturel en forme de destins croisés que le sujet autorisait, Clint Eastwood ne conserve que les drames individuels de ses personnages, dans un film d’une grande tristesse et d’une belle dignité. Christophe Chabert
Lundi 11 janvier 2010 De Clint Eastwood (ÉU, 2h13) avec Morgan Freeman, Matt Damon…
Jeudi 19 février 2009 Cinéma / Avec Gran Torino, Clint Eastwood, devant et derrière la caméra, réalise un de ses meilleurs films, drôle et provocateur, émouvant et mélancolique. Christophe Chabert
Jeudi 19 février 2009 Rétro / Avec L’Inspecteur Harry, Don Siegel et Clint Eastwood posaient les codes du film d’auto-défense (ou vigilante-flicks en parler cinéphage) telles que (...)
Mardi 11 novembre 2008 Le maître Eastwood aurait-il visé trop haut ? Complexe et bancal, L’Échange multiplie les lignes narratives et finit par brouiller son discours. Petite déception. Christophe Chabert

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X