De Matthew Vaughn (Ang, 2h09) avec Colin Firth, Taron Egerton, Samuel L. Jackson...
Drôle de film raté que ce Kingsman, antipathique à force de chercher la connivence et le deuxième degré avec le spectateur. L'idée est de créer une sorte de James Bond 2.0 qui connaîtrait par cœur les codes de son modèle et se plairait à les pasticher en multipliant clins d'œil et références décalées. Une sorte de Scream de l'espionnage que Matthew Vaughn, tentant de reprendre la formule déjà contestable de son Kick-Ass, plonge dans une esthétique de comic book où la violence, pourtant extrême (corps coupés en deux, têtes qui explosent) serait dans le même temps totalement déréalisée.
Même le propos politique, plutôt judicieux sur le papier (comment un nerd félé, incarné par un Samuel L. Jackson s'amusant manifestement à jouer avec son cheveu sur la langue, utilise le consumérisme ambiant pour pratiquer une ségrégation radicale entre les élites et le peuple, promis à l'autodestruction) ne va finalement pas plus loin qu'une grosse baston dans une église et des décapitations en série transformées en feux d'artifices multicolores. Des idées qui étaient toutes mieux exploitées (et mieux mises en scène) dans le sous-estimé Le Dernier pub avant la fin du monde, qui avait le mérite de réfléchir sur l'abrutissement ambiant pour en tirer un joyeux "fuck off" très british. Vaughn, lui, cherche avant tout à produire un spectacle aussi décérébré et irresponsable que ce qu'il fait mine de condamner.
Christophe Chabert