De Tom Hooper (Ang-Austr-ÉU, 1h58) avec Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter...
La razzia effectuée par Le Discours d'un Roi sur les nominations aux Oscars n'a rien d'étonnant ; le film semble calibré pour séduire l'Académie, répondant au cahier des charges du cinéma historico-culturel. Il y a un sujet, véridique — l'accession, contrainte et forcée, au trône de Grande-Bretagne du Roi Georges VI et ses déboires oratoires liés à un bégayement intempestif ; des numéros d'acteurs au cabotinage gênant — on a vu Colin Firth meilleur qu'ici, même s'il en fait moins que Bonham Carter en précieuse ridicule. Et il y a une forme, emphatique et arty, un surfilmage constant fait de décadrages voyants et de courtes focales sur des décors sans profondeur, qui donne parfois l'impression de regarder autant les tapisseries que les acteurs. Le film hurle si fort sa subtilité qu'il en devient lourd, notamment dans des dialogues qui ne ratent jamais l'occasion de récapituler avec des grandes sentences théâtrales le propos et les états d'âme des personnages. Les séquences de rééducation sont censées fournir un contrepoint comique à cette grandiloquence ; mais voir le futur Roi éructer tel un malade de la Tourette des «fuck» et des «shit» est amusant une fois, pas dix. On regrette amèrement la discrétion et la fausse modestie du précédent film de Tom Hooper, The Damned united, en voyant ce cheesecake cinématographique appelé à filer du diabète au monde entier.
Christophe Chabert