Anne Courel : « L'adolescence sera au coeur de mon projet pour l'Espace 600 »

Anne Courel : « L'adolescence sera au coeur de mon projet pour l'Espace 600 »
Présentation de la saison de l'Espace 600

Espace 600

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Samedi 29 septembre sera lancée la nouvelle saison de l'Espace 600, précieux théâtre grenoblois dédié au jeune public. L'occasion pour les spectateurs et spectatrices de faire connaissance avec Anne Courel, metteuse en scène de la compagnie Ariadne (basée à Villeurbanne) qui vient d'arriver à la direction du lieu. On l'a rencontrée en amont, histoire d'en savoir plus sur son projet.

Pourquoi avoir choisi de candidater à l'Espace 600 ?

Anne Courel : Parce que ça m'intéresse de diriger à la fois un lieu et une compagnie de théâtre pour mettre en application un certain nombre d'idées auxquelles je me confronte depuis pas mal de temps avec ma compagnie. Je pense notamment à la manière dont peuvent être reliées l'action culturelle, la création et la diffusion, des pôles pour moi capitaux pour que tous les publics accèdent au spectacle vivant et à l'art en général.

Et puis je trouve le projet de l'Espace 600 passionnant. C'est un équipement culturel qui a su, contre vents et marées, rester un lieu dans lequel l'exigence artistique est au centre ; et qui a la volonté de s'adresser à la jeunesse comme à des vrais spectateurs. Travaillant sur l'adolescence, je me suis vraiment reconnue là-dedans.

Depuis quand faites-vous du théâtre en direction du jeune public ?

Les choses se sont construites petit à petit. Je me suis d'abord interrogée sur le lien entre les spectateurs et les écritures théâtrales contemporaines avant de me tourner vers le théâtre jeune public. C'est arrivé lors de ma rencontre avec l'auteur Sylvain Levet avec qui j'ai mené une expérience dans le Nord-Isère entre 2006 et 2010. J'ai ressenti ce plaisir à travailler pour des salles où l'on entend le rire des 6 ans et celui des jeunes gens qui ont passé la soixantaine.

C'est alors devenu un axe central de mon travail, axe conforté lors de mon passage dans une banlieue de Lyon [elle a dirigé le théâtre Théo Argence de Saint-Priest – NDLR] où il était impossible de parler d'accès à l'art sans se poser la question du rapport qu'entretiennent les jeunes avec l'art.

Votre théâtre s'intéresse à l'adolescence mais peut être vu par tous, suivant l'idée d'un jeune public ouvert à tous les publics...

Bien sûr, et en ça le travail qui a été accompli à l'Espace 600 depuis des années est exemplaire. C'est un combat qui a été important à un moment donné et que personne aujourd'hui ne conteste grâce au travail de pionniers comme l'ont été Geneviève Lefaure ou Lucie Duriez [deux directrices emblématiques de l'Espace 600 – NDLR].

Après, bien sûr, on sait qu'on a des préoccupations à 15 ans qui sont différentes de celles que l'on a, par exemple, à 50 ans. D'où cette question complexe qui est : comment, arrivé à un certain âge, on a envie d'aller tout seul au spectacle ? Qu'est-ce qui fait que l'on va franchir les portes d'un théâtre quel que soit son âge, qu'on va être gourmand d'un spectacle de théâtre, de danse, de musique, de cirque ? On sait par exemple qu'à 11-12 ans, tout le monde ne se lève pas avec l'envie irrépressible d'ouvrir un livre ou de filer dans un théâtre. La partie dialogue avec l'adolescence sera donc au cœur de mon projet.

Abordez-vous votre mission à l'Espace 600 comme une suite de ce que vous avez pu faire à Théo Argence ?

Les villes sont différentes. Saint-Priest, c'est une commune de 42 000 habitants, alors que là, la Villeneuve est un quartier qui fait entièrement partie de la vie culturelle grenobloise. Après, effectivement, dans un cas comme dans l'autre, ce sont des endroits où la population a des préoccupations de survie qui font que le matin, le fait d'aller au spectacle n'est peut-être pas la question principale.

Il y a donc besoin, dans ces endroits, de dépenser énormément d'énergie et d'être le plus inventif possible pour que cet accès naturel, normal, évident à la culture, qui est un droit fondamental, puisse s'exercer aussi.

Confier la direction de lieux culturels à des artistes n'est plus si courant, notamment à Grenoble...

Oui. Pourtant, c'est intéressant d'allier les forces d'une équipe permanente qui connaît très bien son travail, qui sait accueillir du public, qui sait programmer du spectacle, et des artistes qui savent aller à des endroits où ne va pas cette équipe permanente. Adosser les deux profils permet de questionner, comme je le disais, les liens entre la création, l'éducation artistique, l'action culturelle, la programmation et la diffusion.

Allez-vous garder votre compagnie active ?

Bien sûr. Il y a deux conseils d'administration, deux équipes, deux équipements... Et chacun est autonome : les gens n'ont pas besoin que je sois toujours là pour travailler, ça fait longtemps que mes spectacles tournent sans moi !

Qu'avez-vous prévu pour votre première présentation de saison ?

Elle sera très classique, très normale. Pour l'instant, il ne s'agit pas de faire la révolution mais de comprendre comment marche l'Espace 600. Petit à petit, je verrai comment les choses pourront évoluer.

Présentation de saison de l'Espace 600
Samedi 29 septembre à 10h


Ariadne et l'Espace 600

Cent culottes et sans papiers (l'histoire de France vue par un écolier), Alice pour le moment (une sorte de road movie sur une famille de réfugiés politiques), Au Pont de Pope Lick (sur des gamins paumés et désespérés dans les États-Unis de 1936)... Les mises en scène d'Anne Courel ont souvent été données dans les théâtres de l'agglo adeptes de son travail à la fois pertinent et accessible. Logique donc qu'une telle metteuse en scène se retrouve un jour à la tête d'un lieu comme l'Espace 600, théâtre qui promeut un art jeune public ouvert à tous où il ne s'agit pas simplement de divertir les enfants mais de les questionner sur le monde comme n'importe quel spectateur. Pourtant, cette saison, aucune de ses pièces ne sera proposée, la programmation ayant été élaborée par la précédente directrice Lucie Duriez. « De toute façon, je ne viens pas que pour me programmer à tout crin, il n'y aura pas que les spectacles de la compagnie Ariadne à l'Espace 600 ! » Sa prochaine création est tout de même prévue pour 2020, avec on l'imagine un passage par l'Espace 600.

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