Pour sa 9e édition, le festival grenoblois de cinéma ibérique et latino-américain organisé par l'association Fa Sol Latino se déroulera comme l'an passé majoritairement en ligne, autour d'une programmation un brin plus resserrée qu'en temps normal, mais toujours aussi pointue et pertinente. Revue de détail de ce que l'on pourra découvrir du 18 au 30 mai.
Créé en 2013, le Festival Ojo Loco s'est rapidement imposé comme un événement phare pour les cinéphiles grenoblois, en mettant en lumière des films récents issus des cultures lusophones et hispanophones privés de sorties en salles en France faute de distributeurs. Organisé autour de trois compétitions principales dédiées respectivement aux films de fiction, aux documentaires et aux courts-métrages, le festival propose en sus une section rétrospective, un cycle consacré aux premiers films ainsi que plusieurs avant-premières inédites. Une offre aussi foisonnante que défricheuse qui fait la part belle au cinéma d'auteur et aux films d'art et d'essai, et propose pas moins d'une soixantaine de films en salles... en temps normal.
Cette année néanmoins, circonstances sanitaires obligent, le festival se déroulera avant tout en ligne, et seuls les quatre films présentés en avant-première (Une vie secrète de Jon Garaño, Aitor Arregi et José Mari Goenaga, Le Mariage de Rosa d'Icíar Bollaín, La Fièvre de Maya Da-Rin et L'Oubli que nous serons de Fernando Trueba) seront projetés au Méliès. Une solution par défaut, sur laquelle l'équipe du festival n'a néanmoins pas ménagé sa peine, comme l'explique l'un de ses délégués Victor Arnaud. « Faire un festival en ligne, ce n'est pas seulement parachuter des films sur une plateforme, cela s'accompagne de tout un travail de valorisation et d'éditorialisation des films projetés, d'accompagnement des spectateurs... On va proposer tout un tas de ressources, de contenus autour des films, d'interviews de réalisateurs... »
Des films et des femmes
À découvrir cette année en compétition, en échange d'un modique forfait de 8 euros, des récits d'apprentissage et de passage à l'âge adulte venus du Mexique (Animo Juventud) et d'Espagne (le très beau Ojos Negros), un "survival" argentin au féminin hélas semi-convaincant (La Sabiduría), des soldats boliviens perdus dans une région hostile (Chaco), un film d'aventure brésilien flirtant avec le réalisme magique (Um Animal Amarelo)... Sans oublier quelques beaux portraits féminins contemporains venus du Chili (Ella Es Cristina et Lina de Lima).
Parmi ceux qu'on a pu voir, on retiendra avant tout le splendide film argentin Mamá, Mamá, Mamá de Sol Berruezo Pichon-Rivière, sidérante expérience esthétique, mélancolique et sensorielle dans lequel une pré-adolescente en deuil se voit hébergée par sa tante aux côtés de ses nombreuses cousines dans une ambiance de non-dit à la fois douce et étouffante.
Dans la section documentaire, on retiendra, entre autres, le très remarqué El Agente Topo et son retraité octogénaire embauché comme espion amateur dans une maison de repos chilienne ; Apuntes Para Una Pelicula de Atracos, film espagnol sur un ancien braqueur et la fascination qu'il exerce sur le cinéaste ; ou encore Erase Una Vez En Venezuela, dans lequel la décrépitude d'un petit village flottant vénézuelien fait écho à celle du pays tout entier. À ne pas manquer non plus, Chaco, dernier documentaire en date de Daniele Incalcaterra, dont on avait déjà adoré El Impenetrable, ou encore le poignant Negras, interrogation intime des stéréotypes et du racisme vécus par les femmes afro-descendantes mexicaines.
Pour terminer, on mentionnera enfin les deux cycles présentés hors compétition et visibles pour leur part en accès libre, consacrés respectivement au cinéma de patrimoine cubain et aux premiers longs-métrages de réalisatrices espagnoles. Bon visionnage !
Festival Ojo Loco
Du mardi 18 au dimanche 30 mai en ligne et au cinéma Le Méliès
www.ojoloco-grenoble.com