Marina Rollman, drôle mais pas que

Maitrisant à la perfection tous les codes du stand-up contemporain, l’humoriste franco-suisse Marina Rollman met ces derniers au service d’un propos vif et bien senti, qui croque les aléas de notre époque avec nuance et subtilité. Portrait à l’occasion de son passage samedi 19 juin à l’Ilyade de Seyssinet-Pariset.

La première chose qui frappe lorsqu’on écoute Marina Rollman, c’est de voir à quel point elle et une poignée d’autres humoristes de sa génération ont réussi à faire leur le perfectionnisme acéré qui fut pendant longtemps l’apanage des seuls icones du stand-up anglo-saxon. Énergie, vivacité, sens de la formule et du timing, finesse de l’écriture… Derrière l’aisance, la fluidité et l’apparente décontraction dont elle fait preuve, on devine une mécanique parfaitement huilée d’une efficacité redoutable où chaque mot, chaque expression, chaque tic de langage est savamment pesé pour fournir un impact maximum.

Ce qui constitue sa singularité, en revanche, tient peut-être plus à sa capacité à s’emparer des sujets dans l’air du temps d’apparence les plus superficiels, les plus anecdotiques, pour mieux dévoiler les véritables torrents de questionnements existentiels qu’ils sous-tendent pour peu qu’on se donne un peu la peine d’en gratter la surface. Aussi douée pour porter en dérision les petits travers de notre époque que pour analyser avec finesse les mécanismes sous-jacents qu’ils mettent en œuvre à notre insu, Marina Rollman ne s’épargne pas pour autant en cours de route, refusant le statut bien pratique de simple observatrice extérieure pour mieux remettre en cause le statut privilégié de jeune « bobo » parisienne par le biais duquel elle s’exprime. Une forme de conscience sociale qui se retrouve également dans ses sujets de prédilection (féminisme, écologie, remise en cause des hiérarchies culturelles…) dont elle sait s’emparer avec une ferveur et une intensité qui font mouche, sans jamais s’imposer en détentrice du savoir pour autant.

Il était une fois Marina

Ce savant mélange entre subtilité et humilité, futilité apparente et engagement intellectuel bien réel, n’a bien évidemment pas surgi du jour au lendemain. Née et ayant grandi à Genève au sein d’une famille aisée, Marina Rollman s’est ainsi longtemps cherchée entre poursuite d’études inachevées, bullshit job dans une agence publicitaire, petits boulots alimentaires et quête de sens, tout en traversant plusieurs épisodes dépressifs sévères sur lesquels elle s’ouvre aujourd’hui. Après une première tentative de scène en 2009, soldée par un bide cinglant qui va la laisser durablement traumatisée, elle tente de nouveau sa chance quatre années plus tard et multiplie progressivement les expériences dans les années qui suivent, sur scène bien sûr, mais également au travers de de chroniques à la radio, à la télé ou encore au sein d’une web-série.

L’échelon suivant sera franchi à l’automne 2017, lorsqu’elle est invitée à assurer une chronique humoristique hebdomadaire sur France Inter dans l’émission La Bande originale présentée par Nagui. Un défi pas évident à relever puisqu’elle succède dans ce rôle à l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré, dont les chroniques véhémentes et violemment à charge contre le gouvernement avaient durablement marqué les auditeurs. Ce qui ne l’empêche pas de s’acquitter de l’exercice avec brio, asseyant rapidement sa propre marque de fabrique en l’espace de quelques interventions seulement. 2019 va enfin lui permettre d’ajouter une dernière corde à son arc avec la création de son propre stand-up, Un spectacle drôle, qui après de nombreuses représentations dans les salles parisiennes, débarque le samedi 19 juin à L’Ilyade de Seyssinet-Pariset… pour notre plus grand plaisir.

Un spectacle drôle de Marina Rollman, samedi 19 juin à L’Ilyade de Seyssinet-Pariset (COMPLET)

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