Cannes / Nouveauté de l'année, la Quinzaine des Cinéastes (jadis connue sous le nom des Réalisateurs) a décidé de jouer les prolongations au-delà de la Croisette en s'offrant une tournée des grands-ducs dans une trentaine de salles d'art et d'essai en France. À Grenoble, c'est le Club qui l'accueille.
Passé le temps de la nécessaire exclusivité festivalière, le trop étroit corset cannois se fendille enfin. Ici ou là, différentes sections ou programmations se dévoilent dans les salles. Loin de constituer une queue de comète au rendez-vous azuréen, elles prolongent plus efficacement que tout son tapage multimédiatique sa notoriété auprès du public des salles – les festivals n'ont-ils pas vocation à servir les films plutôt qu'à faire leur propre promotion ? La SRF (Société des réalisatrices et réalisateurs de films) participe de ce mouvement en permettant à la section dont elle assure la programmation de rejoindre "en bloc" quelques salles hexagonales, créant par là même une foultitude d'avant-premières événementielles. En attendant de voir la Semaine de la Critique faire de même, courons vite au Club parcourir cette dense Quinzaine.
Festin festival
Le programme aligne 19 longs-métrages en une petite dizaine de jours. Du copieux où s'imposent quelques vieilles connaissances : Cédric Kahn avec Le Procès Goldman avec Arieh Worthalter et Arthur Harari ; Bertrand Mandico pour son fatalement intrigant Conann avec bien sûr Elina Löwensohn mais aussi Christa Théret ou Nathalie Richard ; l'incontournable et prolifique Hong Sang-soo avec De nos jours ; Michel Gondry enfin de retour avec son prometteur Livre des solutions dont la table des matières abrite Pierre Niney et Blanche Gardin ; le chef-op' des Safdie Sean Price Williams livre The Sweet East) ; Pierre Creton offre Un prince ; Claude Schmitz débarque avec L'Autre Laurens ; Faouzi Bensaïdi avec Déserts. Ces repères très visibles dans la semaine ne doivent pas dissuader, bien au contraire, de s'intéresser au reste d'une offre pléthorique où la création cinématographique contemporaine du monde entier se trouve fort bien représentée : Chine, Cameroun, Pakistan, Portugal, Inde, Géorgie, Espagne, États-Unis, Russie (oui oui) ou Vietnam avec L'Arbre aux papillons d'or de An Pham Thien – titre quelque peu prophétique puisqu'il a décroché la prestigieuse Caméra d'Or. Si la géographie varie, certaines thématiques semblent sur le papier en revanche assez partagées, en particulier la dégradation de la situation des femmes. D'autres apparaîtront sans doute une fois ce riche ensemble dégusté.
La Quinzaine des Cinéastes du 7 au 18 juin au Club, 6€ ; programme complet sur cinemaleclub.com