Headshot

Dans l’ombre de Weerasetakuhl, Pen-Ek Ratanaruang est l’autre cinéaste thaï important, même si on attend toujours le grand film qui lui permettra de passer dans la série A des auteurs internationaux. Ce n’est hélas pas ce Headshot qui lui permettra de faire le grand saut, même si sa première heure, virtuose et vraiment surprenante, le laisse penser. Ratanaruang y invente un tourbillon scénaristique et visuel autour de son personnage principal, tueur à gages blessé à la tête et qui en ressort miraculeusement indemne avec comme seul handicap de voir le monde à l’envers. Un flashback permet de constater que sa vie était depuis longtemps sens dessus dessous : sept ans avant, il était un flic incorruptible dont l’intégrité l’a conduit jusqu’en prison, accusé d’un meurtre qu’il n’avait pas commis. Désabusé et nihiliste, il décide donc de passer de l’autre côté de la loi, accomplissant des missions pour le compte d’un obscur commanditaire surnommé Démon, à la fois philosophe du chaos et médecin peu conventionnel. Cinéaste jusqu’ici doué pour créer des atmosphères, Ratanaruang s’aventure donc vers les codes du cinéma de genre avec une certaine réussite, Headshot arrivant à être à la fois hypnotique et très cru. Mais quand les fils du récit se rejoignent et que celui-ci adopte une certaine linéarité, le film s’avère curieusement plus confus, Ratanaruang se piégeant tout seul avec les nombreux gimmicks qu’il avait jusqu’ici réussi à manier avec dextérité. Les nombreux renversements de situation, trahisons et coups de théâtre donnent la sensation qu’Headshot tourne en roue libre, jusqu’à une conclusion un peu paresseuse dans son envie de rester énigmatique.

Christophe Chabert

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