Le choix de Patti

Légende / L'histoire musicale de Patti Smith, c'est une apparition fulgurante, des disparitions subites, des retours ratés, d'autres réussis. C'est, en soi, une reprise des classiques de la rock'n'roll attitude, avec son contingent de drames et d'euphories, de vie privée qui se mélange avec une carrière en dents de scie, relancée par ses épigones admiratives de sa posture de rockeuse affranchie dans des années 70. Patti Smith, cela étant, paraît aujourd'hui sereine, bien dans sa musique au point de mettre ses pas dans les chansons des autres. Twelve, nouvel album, est un «cover record», un album de reprises, genre qui peut traduire soit une fin de partie créative, soit un juste retour aux sources. Dans le cas de Patti Smith, c'est un peu des deux ; on sent en effet que ces 12 morceaux réussis répondent aux dernières livraisons personnelles, décevantes, de la dame, en lui laissant le champ libre pour interpréter les mots et la musique qu'elle aime. Mais l'idée de l'album est à chercher loin en arrière, dans une note écrite pour son recueil de poèmes, A thieves journal, où elle établissait une liste de reprises possibles pour un futur disque. Projet inabouti, réactivé et actualisé cette année, dont il reste des traces (Gimme Shelter des Stones, Helpless de Neil Young, Are you experienced d'Hendrix, Soul Kitchen des Doors, Within you without you des Beatles, enfin, de George Harrison plutôt). Plus étonnante, la présence de Smells like teen spirit dans une surprenante version au banjo, ou Everybody wants to rule the world, que Patti Smith a choisi d'enregistrer sans même savoir qu'il était l'œuvre des ringards chevelus de Tears for fears, juste parce qu'elle en aimait le texte, entendu un matin dans son café favori. C'est, plus que dans les arrangements pourtant remarquables de son trio (et, épisodiquement de Tom Verlaine et de Flea), dans les sujets des chansons que se trouve l'unité de Twelve : on y parle du monde, ancien ou nouveau, où la guerre, le désir de puissance, les paradis détruits des utopies et l'espoir envolé comptent plus que les états d'âme. En cela, il y a effectivement un fort parfum 70's qui se dégage de l'album, mais celui-ci n'a rien à voir avec une quelconque nostalgie. C'est bien ici et maintenant que Patti parle, et c'est dans ce rôle-là qu'on la préfère. CC

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