Arrière toute

Expositions / Lyon au XIXe, c'est une sorte de grande opération de dépoussiérage du XIXe siècle lyonnais, époque méconnue, mal-aimée et complexe. Un événement-mastodonte un peu fouillis, mais passionnant sur le fond. JED &DA

Initiée par la municipalité, la manifestation L'Esprit d'un siècle 1800-1914, Lyon au XIXe consiste en un vaste ensemble d'expositions, de conférences, de spectacles et d'animations sur Lyon à cette époque trouble et mouvementée de l'histoire de France (qui traversa rien moins que huit changements de régimes politiques, sans compter moult révolutions industrielles et bonds scientifiques et techniques !). Ce n'est pas la plus connue de la ville (on préfère en général s'attarder sur l'Antiquité romaine ou sur le XVIe siècle humaniste), ni la plus sexy a priori... Rappelons, par exemple, l'une des (nombreuses) vacheries de Baudelaire sur Lyon, où il fut un temps élève au Lycée Ampère : «Ville singulière, bigote et marchande, catholique et protestante, pleine de brumes et de charbons, les idées s'y débrouillent difficilement. Tout ce qui vient de Lyon est minutieux, lentement élaboré et craintif ; l'abbé Noirot, Laprade, Soulary, Chenavard, Janmot. On dirait que les cerveaux y sont enchifrenés». Ce XIXe siècle industrieux, nébuleux, charbonneux, n'en reste pas moins celui de la naissance de toutes les modernités et notamment de l'idée même de ville moderne, et Lyon s'y avère beaucoup plus complexe, active ou encore ouverte aux autres villes européennes que l'on pourrait penser. PatchworkAu travers des quelque trente expositions proposées (de qualité inégale et parfois redondantes), on découvrira ainsi tout à trac une ville : capitale de la botanique et de l'horticulture, de la soierie et des Canuts puis de l'automobile avec la firme Berliet, de la chimie, du cinématographe et de la construction électrique ; spirituellement partagée entre un catholicisme un peu réac et un catholicisme social ; politiquement schizophrène entre prudence conservatrice et esprit de révolte (révolte des Canuts en 1831, insurrection républicaine de 1834 ; prise de pouvoir des Voraces en 1848 ; proclamation de la Troisième République avant l'heure en 1870...) ; foyer de la médecine clinique pratique et bientôt de la médecine légale et judiciaire... On notera en particulier les très nombreuses innovations et avancées lyonnaises en matière sociale (premier Conseil des Prud'hommes en 1806, anticipation de l'enseignement laïc et gratuit, naissance du mutualisme...), objets de l'exposition «Liberté, égalité, solidarités» aux Archives Municipales. L'exposition du Musée Gadagne, partiellement rouvert pour l'occasion, se penche, elle, sur les évolutions urbaines et architecturales de la ville : soit un patchwork profus d'estampes, de photographies, d'affiches, de films des frères Lumière, de peintures et d'objets divers, chronologiquement ordonné mais où l'on se perd un peu sans lectures préparatoires ou un minimum de connaissances sur Lyon. Avec un peu d'opiniâtreté, on découvre là les grands chantiers et bouleversements urbains qui ont donné naissance à l'image actuelle de la ville.Lyon à la uneDepuis la Renaissance, Lyon est la ville de l'imprimerie et de l'édition par excellence. Deux expositions se penchent en détail sur les relations entre Lyon, l'imprimerie et la presse. L'Imprimerie, miroir de son temps, au Musée de l'Imprimerie s'intéresse aux techniques d'impression, à ses évolutions et à l'essor de l'imprimerie. Des machines et des documents allant des imprimés religieux aux réclames en couleur en passant par les journaux satiriques, l'exposition ne se contente pas d'évoquer le XIXe siècle, qui n'est sans doute pas le siècle le plus faste pour l'imprimerie Lyonnaise. Pour en savoir plus sur la presse au XIXe, direction la Bibliothèque municipale de la Part-Dieu. Presse "bourgeoise" puis presse populaire regorgeant de faits-divers, des débuts de la presse (d'immenses pages d'une austérité remarquable) à l'arrivée de la photographie qui va révolutionner la presse, l'exposition se propose de feuilleter les journaux lyonnais du XIXe siècle, en dix-neuf étapes qui permettent de suivre les événements vécus par la cité et ses habitants. De la presse ouvrière à la presse féminine, des crimes de sang au faste des expositions universelles, les grandes heures de la presse locales ne manqueront pas d'être mises en lumière avec ses déboires actuels. Outre les pathologies de la presse, si la recherche vous passionne, les Hospices civils accueillent l'exposition De la bienfaisance à la santé publique, qui retrace la création des Hospices civils, la naissance de nouvelles disciplines et de la recherche moderne. Prudence cependant, accéder aux expositions peut se révéler d'une complexité certaine (pour les Hospices civils suivre le panneau Urgence Dentaires est le conseil le plus raisonnable que l'on puisse vous donner) et les lieux d'accueil de la manifestation n'étant pas tous des musées, leurs horaires d'ouverture sont parfois assez fantaisistes...

pour aller plus loin

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Mercredi 16 mai 2007 Entretien / Pierre Vaisse, professeur honoraire d'histoire de l'art à l'Université de Genève, Commissaire général de la manifestation. Propos recueillis par JED

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