Puissance Jazz

Festival / Plus que jamais, elle pulse, cette 24e édition d'«À Vaulx Jazz». Fantasque, inventive, bigarrée, entre mémoire et innovation, petit tour d'une programmation riche en talents de tous horizons. Mélanie Vivenza

Le mot «jazz» est sonore, ce n’est pas pour rien que le premier texte qui lui fut consacré en 1913 évoquait ce qu’il y avait en lui de «vie, force, énergie, effervescence d’esprit, joie, vivacité, magnétisme, verve, exubérance, courage, félicité». À définir le terme on s’épuise, à vouloir le comprendre on se perd, le jazz se chamboule en tout sens, parce qu’il est métisse et que du XXe siècle qui l’a vu naître il a suivi la route qui mène des champs de coton au bitume new-yorkais. Mais le jazz n'est-il que trace d’un temps révolu ou bien est-il encore de ce monde ? Élaborer un festival tel qu’ÀVaulx Jazz, c’est répondre à la question et montrer qu’en plus d’exister, il continue à se réaliser. Soirées après soirées, les organisateurs font se succéder les propositions selon un principe révélateur de l’essence du jazz, le dialogue des styles. Entre convergences novatrices et héritages, la programmation se modèle ainsi sur la nature protéiforme d'une musique de voix, de cordes, de cuivres et autres pianos au service de la scène, lieu du jazz par excellence. Mélange d’épices
Au regard des affiches annoncées, c’est d’emblée une mémoire que l’on perçoit, celle du pouls profond de l’Afrique que l’on retrouve notamment dans les rythmes éthiopiens du groupe Ukandanz, parti chercher en terre de hauts plateaux le souffle d’une inspiration traditionnelle. Tradition n’est pas jazz, certes, parlons alors de réminiscences, celles du Maroc, à bord de l’Oriental Caravan, petite cohorte de huit musiciens menée par le génial batteur Sangoma Everett, auquel s'est joint pour l’occasion la basse gnawa de Majid Bekkas. Si l'on s’accorde autour du critique Ernest Hopkins, pour trouver au jazz la beauté du «crépitement d’une vive électricité», on ne s’étonnera pas de voir aux côtés des accents les plus anciens les notes contemporaines d’une soirée rock en perspectives spasmodiques. James Chance, chantre de la no wave post punk sera en effet présent, et promet cris, saxophone incontrôlable et contorsions singulières dans une prestation scénique qu’il a toujours privilégiée. Pour la 24e édition, «il pleut des cordes» prévient le directeur Thierry Serrano. De ce foisonnement, on retiendra l'élégante contrebasse de Ron Carter, la guitare de Bill Frisell, accompagné de son magnifique projet Disfarmer, conçu comme la bande originale d'une série photographique, et l'atypique Paolo Angeli, innovateur entre tous, grand improvisateur à ses heures. Et lorsqu'on ne sait pas comment la partition s'achève, c'est la liberté qui s'introduit dans l'espace du monde : le jazz, tout simplement. À Vaulx Jazz
À Vaulx-en- Velin, jusqu’au samedi 26 mars

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