De Michel Franco (Mex, 1h43) avec Tessa Ía, Hernán Mendoza...
Parfois, un centimètre de recul dans le cadre, une poignée de secondes de trop dans le plan traduisent la mauvaise distance d'un cinéaste par rapport à ce qu'il filme et en disent long quant à son regard sur l'humanité. Michel Franco appartient à cette catégorie de metteurs en scène qui se croient moralistes (dans la lignée d'Haneke, qui a depuis dépassé ses propres scories), mais ne sont que moralisateurs. Les sujets traités (le kidnapping de classe et l'inceste dans son précédent Daniel & Ana, le deuil, le harcèlement moral et la vengeance dans Después de Lucía) ne sont que des prétextes pour accabler le spectateur, rendu complice d'un malaise entretenu par le cinéaste. L'usage systématique du plan séquence dédramatisé met ainsi tout le monde au même niveau : bourreaux et victimes, groupe et individus. Sous couvert de froideur et de neutralité, ce cinéma-là n'est en fait que du voyeurisme crapoteux (c'est l'adjectif qui vient spontanément en tête face au cinéma de Franco) et n'a en définitive qu'une finalité : créer de la culpabilité chez celui qui le regarde. Très peu pour nous...
Christophe Chabert