«Décrassons-nous les oreilles», prône le Festival Changez d'Air, coton-tige géant à l'appui. Mais plutôt que de s'enfoncer ledit objet jusqu'aux tréfonds de l'oreille interne – ce qui est fortement déconseillé par l'ORL moyen, on préfèrera se caresser la touffe ciliaire – ben oui, c'est comme ça que ça s'appelle, on n'y peut rien – à l'écoute des divers invités de son édition 2013 : la douce Tachka, le très (trop ?) aérien Yan Destal, le trio folk féminin Théodore, Paul & Gabriel (oui, elles ont des prénoms de garçons, et alors ? Joni Mitchell aussi) et bien sûr notre chouchou Denis Rivet.
Mais ne nous cachons pas derrière notre coton-tige, l'attraction de l'événement sera bel et bien Bertrand Belin et la découverte en avant-première du successeur de son terrible Hypernuit. La chose s'appelle Parcs et le confirme en chevalier noir de la chanson française. Comme si les fantômes de Bashung et Johnny Cash visitaient les contrées country de Bill Callahan (Smog) ou les forêts welches de Rodolphe Burger. Pétri de références qui sont autant d'infinies étendues littéraires (Cormac McCarthy, Jack London, Pascal Quignard, Herman Melville) et cinématographiques (Sergio Leone), Belin continue pourtant d'écrire comme personne, sans filet ni effets, prose dépenaillée, comme s'il ne s'agissait que de recracher l'os d'une érudition suffisamment ruminée. De n'en tirer qu'une substantifique moelle qu'on va gratter pour en faire son miel. D'où le coton-tige ?
Stéphane Duchêne
Festival Changez d'Air
A Saint-Genis-les-Ollières, du jeudi 23 au samedi 25 mai