Inouïs du Printemps de Bourges : le compte-à-rebours en vidéo

Jusqu'à la veille des Auditions Inouïs du Printemps de Bourges sises les 13 et 14 février au Marché Gare, découvrez chaque jour l'un des candidats de l'antenne Rhône-Alpes Tagada Tsoin Tsoin. Et en avant-première les vidéos live réalisées tout exprès pour l'occasion par les shooteurs fous de Shoot !t. Huitième et dernier épisode avec la Hip-pop de Joe Bel. Stéphane Duchêne

Joe Bel (pop)

S'il y a une artiste qui mérite le qualificatif de « découverte » sur, disons, l'année et demie écoulée, c'est bien Joe Bel. En l'espace d'une grosse poignée de mois, la jeune femme est passée de concerts en petit comité et en mode guitare-voix à des premières parties inespérées à ce stade de la compétition (Corneille, Ms Dynamite au Stade des Alpes, Ólafur Arnalds à l'Epicerie Moderne), incluant une tournée en ouverture d'Asaf Avidan conclue à l'Olympia (rien que ça). Des concerts qui se comptent par dizaines et presque autant de sollicitations médiatiques pour cette folkeuse pop à la voix soul et au feeling hip-hop. Un album arrivera très bientôt pour non pas boucler la boucle mais pour franchir une nouvelle étape, après celle d'une formule scénique qui la voit désormais se produire en groupe et, pour la première fois, dans le cadre des Inouïs, avec une batterie chargée de rajouter – s'il en fallait – encore un peu plus d'épaisseur au groove irrésistible de demoiselle Bel.

Au Marché Gare, vendredi 14 février.

 

Pethrol (pop)

Trio atypique que ce groupe qui sur scène se présente en... duo : Héloïse Derly, multi-instrumentiste et diplômée des Beaux Arts, est la voix, le son et l'image du groupe, Cédric Sanjuan en est la colonne vertébrale rythmique également associée aux compositions, et Guillaume Héritier, l'homme de l'ombre offre ses idées dans un rôle assez inédit de parolier et de manager. Les trois se nourrissent l'un l'autre et alimentent leur projet comme le mythique serpent Ouroboros, tirent les ficelles de Pethrol pour donner à cette créature pop un élan plutôt unique, séduisant et souvent déroutant. Se distinguant à la fois par son univers fait de dialectique poésie/violence, musiques anciennes/machines électro et mythologie/technologie que par une utilisation atypique des supports (clips pensées comme de véritables courts-métrages, en EP sur support clé USB/K7 (Black Gold)). Poulain du net label JFX Lab (Jarring Effects), Pethrol sortira son deuxième EP (Golden Mean), accompagné de trois clips formant une trilogie, en vinyle fin avril. Nouvelle étape pour un groupe dont l'importance grandit comme s'étend une marée d'or noir.

Au Marché Gare, vendredi 14 février.

Avant-goût mythologique avec la "Session Shoot !t" d'Ouroboros, réalisée par Aymeric Dumoulin à Lyon (Février 2014) :

 

 

Miso Soup

Si l'on peut penser qu'utiliser le terme « soupe » pour baptiser un projet musical est potentiellement risqué, cela n'est que très justifié dans le cas de Miso Soup et pas pour les raisons qu'on croit. Mais parce qu'empreinte de culture japonaise – Miso Soup est aussi le titre d'un roman de Ryū Murakami –, Miso Soup propose une sorte de menu dégustation de ce que la musique électronique a de meilleur (électro, techno, house...). Et surtout, parce que ses « basses bien grasses » et ses « beats épicés » sont rehaussés d'un condiment bien spécial : un sens de la mélodie pas toujours à la fête dans les cuisines électro et qui a fait la marque de fabrique de Miso Soup. Après deux EP et quelques belles scènes ces dernières années (à commencer par Nuits Sonores en 2010), le jeune homme a livré l'an dernier, chez les connaisseurs de Bee Records, son premier album Hanami. On ne peut pas dire que ce presque vieux routier de la scène électronique lyonnaise soit une authentique découverte pour les spécialistes du bip et du break. Pour les autres, Miso Soup est à découvrir absolument.

Au Marché Gare, vendredi 14 février. 

 

Avant-goût gastronomique avec la "Session Shoot !t" de Marshmallow, réalisée par Mathurin Prunayre au Fubuki à Lyon (Janvier 2014) :



Anton Serra

« L'alcool non, l'eau ferrugineuse oui », disait Bourvil. Ce pourrait être, appliquée au rap, la devise d'Anton Serra. Car son rap qui n'en est pas, tout en en étant quand même – vous suivez ? – se veut le plus possible détaché des codes à l'oeuvre dans la discipline. Ici on n'est pas ni simagrées à la Booba, ni gangsta gratuit, ni politisation à la petite semaine. Pilier du vivier hip hop lyonnais qu'on appelle l'Animalerie, Anton Serra rappe sa vie comme un enfant du rap des 90's nourri de chanson française et de jazz. Sans fard, rentre dedans mais sensible, cette figure de l'underground lyonnais gratte toujours ses profondeurs histoire de voir si en-dessous, il n'y aurait pas un peu de lumière.

Au Marché Gare, jeudi 13 février 

 

Avant-goût enfumé avec la "Session Shoot !t" d'Aimer Tue, réalisée par Guillaume Balvay au Toï Toï Le Zinc à Villeurbanne (Janvier 2014) :

 

 

Pan (Chanson)

A l'image de la créature mythique mi-homme/mi-bouc, à laquelle le groupe fait référence, les contours musicaux de Pan sont pour le moins difficile à identifier. Les instrumentaux faunes laissent place à la chanson brute, la légèreté des paysages world à la pesanteur rock, le calme acoustique à la tempête de machines, la séduction à la défiance. C'est la voix d'Arash Sarkechik qui joue ici les serpents barytons, qui siffle sur nos têtes avant de mordre à la gorge. Sauvage, intenable, caracolant sur les crêtes qui séparent l'intime de l'impudeur, Pan semble ne répondre qu'à une devise : « ni Dieu, ni maître ». Ou alors, à la rigueur, une maîtresse.

Au Marché gare, jeudi 13 février

 

Avant-goût allitératif avec la "Session Shoot !t" de Tes cliques... tes claques, réalisée par Hugo Chetelat à Grenoble (Janvier 2014) :

 

 

Schlaasss (Hip-hop)

En Allemand, schlass signifie "fatigué", "fourbu". En argot, le mot désigne aussi un couteau. A l'écouter on en déduit assez vite que Schlaasss, trio hip-hop stéphanois qui porte le nerf à vif et le glaviot en bandoulière, est davantage porté sur la seconde option. Encore qu'il soit peut-être très faatttigué du monde pour en arriver à de telles extrémités – celle d'un couteau donc, bien tétanique (sa mère), comme celle de sa musique, véritable hachoir à viande froide. Bon, voilà, Schlaasss n'est pas à proprement parler un groupe... propre sur lui. C'est même un peu tout le contraire – bien qu'il soit aussi Amour (vache tout de même), promettant un EP pour le jour de la Saint-Valentin. Le credo du trio : « crier des horreurs dans un micro est un art difficile ». Quiconque serait voué à prétendre le contraire pourrait bien se voir « mettre une Volvo dans le cul »  – il y a pourtant endroit plus aisé pour réussir un créneau en berline suédois. Mais de ce point de vue (« crier », « horreur », « art difficile ») donc, Schlaasss se place instantanément au sommet de la chaîne alimentaire. C'est d'ailleurs bien la seule chaîne qui ne les entrave pas.

Au Marché Gare, Vendredi 14 février

 

Avant-goût cra-cra avec la "Session Shoot !t" de Salope, réalisée par Lois Eme au Musée de la mine de Saint-Etienne (Janvier 2014) : 


 

Anne Sila (Chanson)

Il y a les chanteuses et il y a les chanteuses qui rougissent en chantant. Si l'on en croit la vidéo saisie sur le vif par Shoot !t, Anne Sila appartient à la seconde catégorie. Celle dont il est permis de tomber amoureux, mais c'est comme on veut. La Valentinoise n'a pourtant pas de quoi rougir – et c'est sans doute pourquoi c'est si charmant. A 23 ans, son CV est long comme le bras et a même traversé l'Atlantique où une poignée de musicien de jazz se l'arrachent, tandis que de ce côté-ci de l'Atlantique elle pratique indifféremment la world music, la chanson française et la pop, sans réelle volonté de choisir son genre. La faute sans doute, ou plutôt grâce, à cette voix funambule : il y a du jazz dedans, il y a les vibrations du monde, les inflexions sensibles de la chanson, mais surtout un timbre plein trémolos folk à faire tomber un cow-boy de son cheval. Et qui s'en excuserait presque.

Au Marché Gare, Jeudi 13 février

 

Avant-goût intimiste avec la "Session Shoot !t" de Wonder Why, réalisée par Jonas Marpot à Tain-l'Hermitage (Janvier 2014) :

 

De La Montagne (électro)

Peu importe les circonstances, il était écrit que le duo de digital natives Camille Bouvot-Duval et Alto Clark serait une rencontre en altitude – là où le soleil tape, au-dessus des nuages. A en croire le succès rencontré par les quelques titres goupillés sous le nom De La Montagne – l'excellentissime Girls en tête – et dégoupillés par une avalanche d'enthousiastes critiques (Inrock Labs, playlist du Mouv', invitation à la Red Bull Music Academy de New York, collaboration avec des membres de Caribou et de Rhye), cela ne fait plus aucun doute. Mélange inédit de R'n'B glacé, d'électro pop-up et de shoegaze fondu, perpétré par un bûcheron hip et une magicienne au visage de chérubin malicieux, De La Montagne se danse anorak sur le dos autour de la piscine ou en string dans la neige, en agitant un piolet en guise de parapluie à cocktail. Un nouvel EP est en route et d'ici là, sans doute beaucoup d'autre choses. En suivant les traces de De La Montagne, comme autant de boucles aguicheuses, on ne peut qu'arriver au sommet (de l'extase pop). Mais il faut être, comme eux, chaussé de moonboots de sept lieues.

Au Marché Gare, jeudi 13 février


Avant-goût envoûtant avec la "Session live Shoot !t" de Fun & Party, réalisée par Thibault Maurel de Maillé à Arêches-Beaufort (Janvier 2014) :
 

 

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