Sélection / Avec une création théâtrale très attendue, des stars de l'humour, deux films cultes transposés sur scène, des grands noms de la danse ou encore une performance à fleur de peau.
Skinless
Un immense décor de fin du monde tout en blocs de déchets compressés dans lequel le public peut déambuler avant de se regrouper autour d'un espace de jeu investi par deux hommes fantomatiques et un troisième presque tribal : entre l'installation plastique, la performance et le spectacle de danse, Skinless du plasticien et metteur en scène Théo Mercier est une expérience sensorielle immersive (jusqu'aux moucherons attirés par ces déchets !) imbriquant, pour la résumer rapidement, passion charnelle finissante et capitalisme sauvage destructeur du monde. Une captivante proposition littéralement à fleur de peau.
AM
Skinless
Du mercredi 2 au vendredi 4 avril aux Subs (Lyon 1ᵉʳ) ; de 5 à 18 €
Showgirl
En voilà un spectacle ovniesque, signé Marlène Saldana. Avec son complice Jonathan Drillet, la comédienne s'est lancée il y a quatre ans dans un remake théâtral du film Showgirls de Paul Verhoeven détesté à sa sortie en 1995 mais réévalué depuis par une poignée de fans. Sur scène, tout est excessif, kitsch et queer avec, en sus, la musique de la géniale Rebeka Warrior. À noter que Marlène Saldana et Jonathan Drillet viendront aussi à Lyon au début du mois avec leur nouveau spectacle Les chats (ou ceux qui frappent et qui sont frappés), sorte de comédie musicale sur des félins débattant de la société humaine qui, malgré l'originalité du propos, nous a gentiment laissés de marbre.
AM
Les Chats
Jeudi 3 et vendredi 4 avril à la Maison de la danse (Lyon 8ᵉ) ; de 13 à 21 euros
Showgirl
Du mercredi 16 au vendredi 18 avril au Point du jour (Lyon 5ᵉ) ; de 5 à 18 euros
Pierre Thevenoux
Pierre Thevenoux est marrant... normalement assure l'humoriste dans le titre d'un spectacle qu'il joue depuis six ans. Alors que la fin de sa tournée l'amène dans l'immense Bourse du Travail, l'évidence est là : Pierre Thevenoux est vraiment marrant. Sur scène, l'homme à la diction « proche de l'AVC », la « calvitie naissante » et la tête « à bouffer du pâté au petit-déjeuner » ou « à taser des migrants pour le fun » ne s'épargne pas, quitte à forcer le trait. De l'autodérision beauf diablement efficace pour susciter les rires.
Pierre Thevenoux
Samedi 5 avril à la Bourse du Travail (Lyon 3e) ; de 36 à 39 euros
Le Cercle des poètes disparus
Quand un film culte passe à la scène sans autre but que de raconter une fois de plus l'histoire, la circonspection peut-être de mise : que va apporter cette nouvelle version ? Dans le cas du Cercle des poètes disparus, film de Peter Weir sorti en 1989 avec Robin Williams dans le rôle d'un professeur de littérature tout sauf conventionnel, la réponse est : une savoureuse vivification ! Ce récit d'émancipation prend vie et corps sur le plateau avec justesse, grâce notamment à Stéphane Freiss dans le rôle-titre et à tout une série de jeunes comédiens épatants de fougue en guise d'élèves. Rien de révolutionnaire, certes, mais quel plaisir communicatif.
AM
Le cercle des poètes disparus
Jeudi 10 avril au Toboggan (Décines-Charpieu) ; de 42 à 48 euros
Samedi 12 et dimanche 13 avril au Radiant (Caluire-et-Cuire) ; de 27 à 55 euros
Constance
« J'ai longtemps cru que j'étais invincible. Jusqu'à ce que je me prenne les pieds dans mes émotions et dans ma vie. Et quand tout a éclaté autour, et à l'intérieur de moi, j'ai dû réapprendre à vivre. Bien heureusement, ma fidèle plume et mon petit esprit facétieux ne m'ont jamais abandonnée. » Elle avait tout pour réussir (les tournées, l'exposition médiatique, le succès...) et pourtant elle n'a pas tenu. En mettant en avant dans Inconstance, son sixième spectacle, la lourde dépression qu'elle a subie, l'humoriste Constance bouleverse autant qu'elle fait rire. Du grand art.
AM
Constance
Vendredi 11 avril à 20h30 au Radiant (Caluire-et-Cuire) ; de 20 à 31 euros
Nouvelle date : jeudi 29 janvier 2026, toujours au Radiant
La Bouche
La Maison de la danse offre parfois les clés de son restaurant à des cabarets. En avril, ce sera au tour des Parisiens de La Bouche. « On est un cabaret de l'intime où l'on se raconte beaucoup. On parle de nos vies, de choses qui nous concernent, qui nous bousculent dans l'actualité... On reprend la parole » nous avait expliqué en septembre Bili, l'une des quatre artistes aux manettes (avec Grand Soir, Mascare et Soa de Muse), qui a par exemple transformé la chanson de William Sheller Un homme heureux en Une gouine heureuse. Leur cabaret s'affiche alors ouvertement politique, intersectionnel, aux croisements de plusieurs formes de domination. Et surtout totalement réjouissant !
AM
La Bouche
Vendredi 11 et samedi 12 avril à la Maison de la danse (Lyon 8e) ; 20 euros
Makbeth
Le théâtre du Munstrum de Louis Arene et Lionel Lingelser, artistes associés aux Célestins, est flamboyant, grand-guignolesque, monstrueux, comme on a par exemple pu le constater la saison passée dans leur survolté 40° sous zéro. Un ADN qu'ils confrontent pour la première fois au totem qu'est Shakespeare, pas le dernier lorsqu'il s'agissait de sonder la noirceur des êtres humains. Les comédiens-metteurs en scène s'emparent du fameux Macbeth, général assoiffé de pouvoir qui sombrera dans la folie. Qu'en feront-ils avec leur troupe ? Réponse aux Célestins dans la foulée (ou presque) de la création qui a eu lieu fin février.
AM
Makbeth
Du jeudi 10 au vendredi 18 avril aux Célestins (Lyon 2e) ; de 5 à 40 euros
Assembly Hall
À la question « Avec qui rêvez-vous de danser ? », un jeune danseur répond en général : Hofesh Shechter ou Crystal Pite, tant ces deux chorégraphes à succès sont spectaculaires et poussent l'engagement physique et technique à leurs limites. Héritière de William Forsythe, la Canadienne Crystal Pite collabore souvent avec le dramaturge et comédien Jonathon Young pour des pièces entre danse et théâtre, voix et mouvements. Assembly Hall réunit dans une salle municipale un peu désuète quelques passionnés de reconstitutions de scènes médiévales : un prétexte pour nous faire glisser peu à peu de la réalité à la fiction et à l'imaginaire.
Jed
Assembly Hall
Du jeudi 10 au samedi 12 avril à la Maison de la danse (Lyon 8e) ; de 13 à 40 euros.
Panayotis Pascot
Presque, le premier seul-en-scène (aujourd'hui visible sur Netflix) de Panayotis Pascot, talent révélé au grand public très jeune lorsqu'il était chroniqueur pour l'émission de Yann Barthès, a été une agréable surprise. Avec une écriture soignée et sincère, l'humoriste y racontait sa vie et notamment sa difficulté à concrétiser avec les filles. Une drôle de mise à nu prolongée il y a deux ans dans un roman (plus sérieux) devenu phénomène de librairie. Le voici de retour sur scène avec Entre les deux, deuxième spectacle dans lequel il s'interroge sur cette période « pas ouf » entre l'enfance et la parentalité. Une nouvelle réussite pleine de rires et d'autodérision (notamment sur sa dépression) qui le maintient très haut dans le monde de l'humour français.
AM
Panayotis Pascot
Lundi 14 et mardi 15 avril au Radiant ; de 25 à 38 euros
Nouvelle date : samedi 14 mars 2026 à la Bourse du Travail
Vaisseau familles
Questionner la notion de famille, c'est ce qu'entreprend le très féministe et politique Collectif Marthe dans son nouveau spectacle Vaisseau familles. Une déconstruction pleine de réflexions amenées sur le plateau (la bibliographie doit être passionnante à lire), de trouvailles visuelles (la termitière, grandiose !) et d'humour bienvenu portée par quatre interprètes investies. Et une aventure théâtrale certes en dents de scie (certains passages sont plus forcés que d'autres niveau message) mais joyeusement régénérante.
AM
Vaisseau familles
Du mardi 15 au jeudi 17 avril au Théâtre de la Croix-Rousse (Lyon 4e) ; de 6 à 29 euros
Roommates
Sensation de la danse contemporaine française de ces dix dernières années, le collectif (La)Horde ne se met aucune frontière, pouvant aussi bien faire bouger des pop stars (Madonna sur sa tournée), réaliser des films, proposer des performances... Et bien sûr livrer des spectacles de danse, surtout que le trio dirige depuis 2019 le prestigieux Ballet de Marseille. Roommates (2022) est ainsi un véritable travail de ballet, mais avec une vision moderne du concept de répertoire, six pièces courtes d'époques et de chorégraphes différents se suivant. Le programme va du minimalisme de Lucinda Childs à la théâtralité de Peeping Tom en passant par un extrait de Room with a view, véritable hit de la compagnie sur la musique du DJ Rone. Merveilleuse colocation.
AM
Roommates
Du mardi 15 au vendredi 18 avril à la Maison de la danse (Lyon 8e) ; de 13 à 40 euros
Waly Dia
Dans la catégorie "humour politique de gauche", Waly Dia, entendu notamment sur France Inter aux côtés de Charline Vanhoenacker, est dans le haut du panier. Si, dans son récent Une heure à tuer, ses punchlines collent souvent à l'actualité politique française (et il y a de quoi faire en ce moment !), il évite de transformer son spectacle en simple long billet d'humeur grâce à son ton de bateleur et une volonté évidente de se placer au-dessus de la bassesse de ceux qu'il dénonce et de l'absurdité des situations qu'il déplore. Clivant mais revigorant.
AM
Waly Dia
Mercredi 30 avril à la Halle Tony-Garnier (Lyon 7e) ; de 35 à 48 euros
