Danse / Sensation de la danse contemporaine française de ces dix dernières années, le collectif (La)Horde s'installe à la Maison de la danse pour quatre soirées. Avec, dans ses bagages, un programme varié et, surtout, éclatant.
Printemps 2019, petites secousses ressenties dans le monde de la danse contemporaine française : le collectif (La)Horde, qui a – d'après un communiqué du ministère de la Culture – placé au cœur de son projet « la jeunesse, les enjeux numériques, des expériences nouvelles et radicales », est nommé à la tête du prestigieux Ballet national de Marseille. Le trio formé par Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel, aux parcours atypiques (pas que de la danse, loin de là), a été préféré à des chorégraphes plus installés, signe de la volonté de la puissance publique de régénérer ses labels – le ballet est un centre chorégraphique national, avec une trentaine d'interprètes.
Ovni de la danse française depuis une grosse dizaine d'années, (La)Horde ne se limite ainsi à aucune chapelle, pouvant aussi bien produire des pièces grand spectacle que d'autres plus humbles ou encore collaborer avec des pop stars (Christine and the Queens, Madonna...), mettre en mouvement des pubs, proposer des installations plastiques, réaliser des courts-métrages... Et c'est justement cette versatilité très "pop" qui fait son succès public incroyable.
La preuve par six
Leur spectacle de 2022 baptisé Roommates illustre merveilleusement la façon dont leur ADN s'est mixé à celui du ballet fondé en 1972 par Roland Petit. « Nous avons imaginé ce programme pour raconter avec d'autres une histoire qui nous ressemble et pour célébrer les écritures plurielles de chorégraphes qui ont formé notre regard » ont-ils écrit dans leur communication. Le résultat est un patchwork enthousiasmant.
Construit autour de six courts extraits ou pièces, Roommates confronte brillamment le minimalisme de la légende états-unienne Lucinda Childs à la danse théâtrale des joyeux Peeping Tom, en passant par la physicalité du chorégraphe français Claude Brumachon et la fantaisie du duo Cecilia Bengolea et François Chaignaud. Forcément, en pilier de cette colocation artistique, (La)Horde est bien là avec deux-pièces, dont un extrait de Room with a view (photo), véritable hit du collectif sur la musique du DJ Rone. Ou comment s'inscrire avec brio (et pas mal d'applaudissements) dans l'histoire de la danse.
Roommates
Du mardi 15 au vendredi 18 avril à la Maison de la danse (Lyon 8e) ; de 13 à 40 €