Affublé d'un blase de préfecture de Moselle, Metz a taillé dans le vif pourtant déjà très à vif de son premier album pour livrer "II", transformation d'essai rageuse et tranchante qui semble droit sortie du fracas et de la chaleur infernale des hauts-fourneaux lorrains. Tout cela depuis le Canada.
Ah, Metz ! Ville fleurie tri-millénaire, préfecture du département de la Moselle, citée romaine sous le nom de Divodorum, ancienne capitale d'Austrasie, importante ville de l'Empire Carolingien, du Saint-Empire romain germanique et, par intermittence, de la première division du championnat de France de football. Ville libre et souvent assaillie, Metz vainquit par la main de Saint-Georges le maléfique Graoully et par les pieds de Tony Kurbos et Jules Bocandé le FC Barcelone au Camp Nou en Coupe des Coupes 1984-85.
Elle connut aussi des défaites avec l'annexion par l'Allemagne et la perte du championnat de France de football 1998 à la différence de but aux dépens du RC Lens – deux épisodes que les Messins préfèrent oublier...
Bien, ouh là, stop, soyez sympas, rembobinez : on s'égare, Metz n'étant pas le sujet de cet article. Ou plutôt si, mais le Metz canadien, groupe hardcore de son état, baptisé ainsi suite à un concert lorrain visiblement marquant de deux de ses membres en 2006 – le hors-sujet n'est donc pas total, même si au contraire de la ville, Metz le groupe présente une diversité architecturale assez chiche.
Ex(éc)utoire
À propos du second album des Canadiens, Les Inrocks parlaient d'«album exutoire». On a pourtant l'impression que l'exutoire était inscrit depuis le départ dans l'ADN de Metz. On ajouterait même que, plutôt que d'exutoire, il faudrait parler d'exécutoire tant l'impression est grande que, quand la Metz est dite, en une sorte de glossolalie accélérée, c'est le jour du saigneur.
Ce n'est en effet ni plus ni moins ce que font les Canadiens : exécuter leurs morceaux. Vite et bien, comme s'ils avaient un train punk à prendre : avec une sorte de bordélique application, indispensable dans une discipline où la vitesse peut se muer en précipitation et la précipitation en bouillie. Exécuter aussi toute tentative d'affiliation à des influences : Metz œuvre sur une terre brûlée, ou vierge, comme si personne n'était passé avant eux ou comme s'il n'en subsistait aucune trace – le trio émarge pourtant chez l'ancien temple du grunge Sub Pop.
Exécuter enfin le souvenir d'un premier album qui semble soniquement plus épais et, par là, moins tranchant que cet exercice à la pointe sèche dont le goût d'acier rend soudain évident la référence anecdotique à la capitale lorraine, longtemps mariée à la sidérurgie.
Don't mess : Metz [+ Ned]
Au Transbordeur mercredi 23 septembre