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Le freak, c'est chic

Le freak, c'est chic

Du freak, du fou, de la créature cramée, de l'inclassable, de l'incassable, du fragile, du fracassé, du fracassant, du marginal, du réfractaire, du réfracté, du revenant, du rêveur, du malade, du rageux, cet automne musical va en faire pleuvoir de partout. Du chelou comme à Gravelotte, qu'il va tomber. De belles tronches de vainqueur et des paluches pleines de talent, des noms à coucher dehors, du génie à la pelle, attaqué à la pioche. Ah, inquiétante étrangeté quand tu nous tiens ! Stéphane Duchêne

Comme pour toute saison, tout événement, tout lancement, il nous faut un parrain, un type dont la stature et l'aura donnent immédiatement le ton. C'est Florent Pagny en total look peau de zobi à la Star Academy ou Alain Delon tenant des propos contre-intelligents sur l'homosexualité dans C à vous. Car oui, souvent, on a affaire à un type qui peut partir en vrille à tout moment, se mettre à dire n'importe quoi, comme n'importe quel parrain dans n'importe quel événement familial, ou comme un parrain de la mafia un peu sur les nerfs. C'est très bien, ça fait parler.

Nous aurions pu assez logiquement choisir le parrain rock Don Cavalli, d'origine italienne et d'aspiration amerloque, comme tout parrain qui se respecte, et dont Les Inrocks qualifient avec raison la production de «rock tordu et primitif», quelque part entre la sève de Johnny Cash et les débordements d'un Beck. Bref, l'éternelle histoire du type né au mauvais endroit au mauvais moment et qui s'en accommode par le voyage intérieur (sur son dernier disque il va même jusqu'en Asie). En plus, dans le civil, le Don, au Marché Gare le 10 octobre, est jardinier, ce qui est pratique pour enterrer les cadavres façon Tony Soprano ou déterrer les trésors qui composent sa musique.

 

 

Cheveu, Frustration, Rien

Mais pour le panorama spécial freaks que nous offre cette nouvelle saison musicale, il nous fallait du larger than life, de l'authentique frappé international, de l'attaqué à l'acide. Et s'il y avait du monde au portillon, on n'a pas trouvé mieux dans le genre grenade dégoupillée que Tricky, qui tiendra séance au Transbordeur le 12 décembre. Quoi qu'il fasse – genre donner ses concerts dans l'obscurité absolue ou simplement oser sortir avec une telle tête de gargouille – le type fait tellement flipper qu'après son deuxième album, Pre-Millenium Tension, on a vraiment crû que la fin du monde allait arriver. Depuis il continue, notamment sur le dernier en date False Idols, de livrer une bande son post-apocalyptique en direct du purgatoire, sa voix de goule blottie dans les bras de basses pan-démoniaques et de femmes fatales sous antalgiques.

Des antalgiques, le téméraire et imposant Eugene Robinson doit en avoir quelque usage, lui qui combine les fonctions de combattant de rue, de poète et de slameur de l'impossible. Comme le père Trickouille, mais à sa manière à lui, Robinson (que l'on verra avec L'Enfance Rouge, le 3 décembre au Sonic) produit une matière essentiellement physique pour ne pas dire tripale, qui dépasse de loin la musique et ne s'encombre pas de tergiversations.

Tergiversations, concessions (pièges à cons), on ne peut pas dire que ce soit la came de quelques rageux qui, parce qu'ils ont autre chose à faire – casser des pintes avec leur front par exemple (non contractuel) – ne coupent pas les cheveux en quatre pour se choisir un nom de baptême : qu'il s'agisse de... Cheveu