Nuits de Fourvière / À l'approche du printemps tombe le programme de l'été, du moins du côté de Fourvière dont les Nuits vont une fois de plus occuper nos soirées de juin et juillet. Revue d'effectif du casting musical de cette édition 2020, toujours enrichi du programme parallèle des Salons de musique.
Passer aux Salons
Commençons par Les Salons de musique des Nuits, cette extension intimiste et indoor des Nuits de Fourvière chargée de proposer une sorte de contre-programmation. La chose débutera avec un énième projet de l'intenable saxophoniste Thomas de Pourquery : Von Pourquery accompagné de chœurs du Conservatoire à Rayonnement Régional (2 juillet).
Suivront le trio de multi-instrumentistes Bernard Lubat, André Minvielle et Fabrice Vieira (3 juillet), le Valetti Quintetto (5 juillet) formé par le même Minvielle, Raphaël Imbert, Beer-Demander et Serge Valtetti à la création et production ; un hommage à Henri Crolla, sorte de Django Reinhardt napolitain avec Dominic Cravic, concert suivi du film Le Bonheur est pour demain avec Crolla et Higelin (7 juillet) ; le spectacle Si oui, oui, Si non, non, où le jazz rock d'Albert Marcoeur rencontre les appétences contemporaines du Quatuor Bela (8 juillet). La très versatile Marion Rampal de son côté nous confiera son secret avec l'aide de quelques invités à découvrir.
Le finale de ces Nuits de salon interviendra avec 3 MA, précieux trio qui réunit le Malien Ballaké Sissoko à la Kora, le Marocain Driss El Maloumi au Oud et le Malgache Rajery au Valiha malgache (10 juillet).
On a omis de vous dévoiler la date du 4 juillet, mais c'est pour mieux souligner son statut de coup de cœur : Arandel, dont nous avions longuement évoqué la sortie de l'album InBach qui, comme son titre l'indique, est une époustouflante revisite du grand Jean-Séb à coups d'électro-acoustique et d'instruments anciens. Le voici invité à une création live autour du disque avec pour invités quelques uns des illustres musiciens qui l'y ont accompagné. À ne pas rater.
Franco phonies
Du côté du Grand Théâtre, beaucoup, et de l'Odéon un peu, les affiches francophones alterneront avec les piliers du rock et quelques sensations sono mondiale. La jeune caluirarde Pomme, en pleine explosion, aura l'honneur d'ouvrir les festivités le 5 juin avec les titres de son tout récent Les Failles cachées. Le 11, Stephan Eicher fera son retour au Grand Théâtre avant que le 18, Catherine Ringer ne vienne corriger son absence de passage lyonnais au cœur de sa tournée... chante les Rita Mitsouko (c'était pour mieux se réserver pour les Nuits). Suivra Alain Souchon pour deux dates les 22 et 23 juin.
Le 29, François Morel viendra, lui, présenter son spectacle La Vie (titre provisoire) accompagné par 40 musiciens du CRR dans une version symphonique s'il vous plaît créée par Antoine Salher. On appréciera aussi un joli double plateau composé de Vincent Delerm et Yael Naïm (10 juillet) avant d'aller applaudir trois piliers forts différents de la chanson française : Louis Chedid (12 juillet à l'Odéon), l'indispensable et impayable Philippe Katerine (précédé d'Oxmo Puccino) le 15 et une double ration du ménestrel d'Astaffort Francis Cabrel les 16 et 17 juillet.
Le rideau francophone retombera après un double plateau Suzane (nouvelle petite bête qui monte) et Izia le 28 juillet et une prestation très attendue par les fans des revenants Dionysos autour de l'album Surprisier qui fait également l'objet d'un film (29 juillet).
Classiques 90's
Côté rock international (pour faire court), une place importante est une fois de plus dévolue à quelques totems de l'indie music avec une certaine résonance 90's : ainsi de Thom Yorke (le concert événement du festival le 9 juillet (le temps de lire cette phrase il n'y a peut-être déjà plus de places disponibles)). Mais aussi des Tindersticks qui viendront présenter sur scène, avec ces élans fiévreux qui les caractérisent, leur No Pleasure not hope, soirée doublement savoureuses puisqu'en co-plateau on retrouvera le caverneux alt-countryman Bill Callahan (le 6 juin, précédés de Matt Elliott & Vacarme).
Nostalgie 90's toujours pour d'autres musiciens ayant connu leur pic artistique en cette décennie : Beck (précédé d'Hot Chip le 8 juin) ; les sémillants Supergrass qui viennent de publier une intégrale valant reformation (30 juin, après le rock embrumé d'Editors) ; Liam Gallagher, anciennement bouille à gifle d'Oasis, à la carrière solo pas ouf-ouf (1er juillet). Et même le nu metal de Deftones le 9 juin. S'il est rare, le metal sur la colline qui prie, il se doublera pourtant quelques jours plus tard de celui (option death) du monstre français du genre Gojira (nul doute que la Basilique de Fourvière se retournera sur ses quatre pattes d'éléphant pour gagner la colline d'en face).
Pour compléter le tableau, l'Israélien à la voix d'ange Asaf Avidan (un classique le 3 juillet) ; le grand retour, le 9 juillet, de Woodkid qui avait pourtant annoncé avoir arrêté la musique (la preuve que non) ; la bien nommée poétesse multicarte Kate Tempest (le 11 juillet à l'Odéon) ; et deux autres classiques du festival : Agnes Obel, pour laquelle ouvrira, avec la délicatesse ad hoc, Piers Faccini le 18 juillet, et (Alison) Goldfrapp précédée du Cinematic Orchestra le 27 juillet.
Enfin, une date qu'on aura tendance à vous conseiller avec insistance : celle d'Andrew Bird, chanteur-violoniste-guitariste-siffleur, que l'on voyait régulièrement à Lyon, souvent en homme-orchestre solitaire dans les années 2000 (il fut l'un des grands songwriters pop-folk de la période), moins depuis, et qui se produira avec l'Orchestre de l'Opéra de Lyon dans des arrangements signés Gabriel Kahane. Et puisqu'on parle d'orchestre le classique sera réduit à la portion congrue de deux bonnes grosses tranches, avec tout de même une IXe de Beethoven servie par l'ONL le 2 juillet. Ainsi que le divo Robert Alagna et la soprano polonaise Aleksandra Kurzak accompagnés, eux aussi de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon, le 24 juillet.
Tout le monde
Pour évoquer ce qu'on appelle (un peu trop) commodément les musiques du monde ou la sono mondiale : signalons dans la tradition des nuits thématiques, une Nuit du jazz italien avec Enrico Rava, Stefano Di Battista et Stefano Bollano le 19 juin à l'Odéon comme la Nuit amazonienne avec la diva du carimbo, la Brésilienne Dona Onete et Los Wembler's de Iquitos (cumbia psychédélique du Pérou) le 19 juillet ; et une soirée 100 % saharienne avec Lemma et le blues touareg de Tiwariwen (le 14 juillet).
À noter une soirée exceptionnelle hors-les-murs ou plutôt dans-les-murs, en l'occurence ceux du Musée des Confluences le 26 juin, avec Polyphonie-Polyfolie, un opéra mené par les chœurs Pygmées Aka et l'Ensemble Ongo Brotto de Bambari pour une composition signée du guitariste Camel Zekri. Ainsi que l'ensemble Al-Kindi et les derviches tourneurs de Damas (Odéon, le 26 juillet).
Quelques autres figures incontournables complèteront un tableau de haute volée : le prodige Tigran Hamasyan en trio (le 13 juillet à l'Odéon avec Dakhabrakha et son folk ukrainien) ; les fidèles Rodrigo y Gabriela (y leurs guitares le 22 juillet) et un triple menu servi par Rokia Traoré, la chanteuse marocaine Oum et la joueuse de kora anglo-gambienne Sona Jobarteh le 23 juillet. Fin des festivités mondialistes après le mariage électro world d'Orange Blossom et la chanteuse tuinisenne Emel Mathlouthi se partageront la scène le 30 juillet et avec l'éclat final qui se partagera avec le désormais habituel Karaoké Arte et l'éthiojazz d'Arat Kilo.
Les Nuits de Fourvière
Au Théâtre antique de Fourvière (sauf mentions) du 2 juin au 31 juillet