Théâtre en plein-air / Les Flamands des Comp. Marius créent pour la première une pièce directement en langue française et retrouvent la cour du lycée Saint-Just après leur travail sur L'Ami commun de Dickens. Voici cette année, Lorenzaccio.
Quand nous les rencontrons en répétition fin avril, la troupe néerlandophone des Comp. Marius a encore le texte en main. Il est en français. C'est la première fois dans l'histoire de la compagnie que la création d'un spectacle se passe dans la langue de Molière – habituellement ils bifurquent en cours d'exploitation à ces vocables. Pour faciliter la direction d'acteurs, Waas Gramser s'exprime pourtant en flamand. L'actrice et metteuse en scène est chez elle à Anvers. C'est là que la compagnie est implantée, là qu'elle s'est formée au Conservatoire avec notamment Kris van Trier, l'autre pilier des créations. Présents pour la 7e fois aux Nuits de Fourvière depuis 2014, ils y assurent cette année une création. Et c'est une première qui clos ainsi une ère, celle qui a vu Dominique Delorme, le directeur du festival et Géraldine Mercier, ancienne secrétaire générale et toujours conseillère artistique, leur ouvrir les bras en grand. Ce public que l'événement métropolitain leur a permis de fidéliser, ils l'ont emmené au Fort de Bron, à Lacroix-Laval aux Subs, ...Partout ils ont trimballé leurs gradins en bois de 250 places pour ne « pas séparer l'art de la vie quotidienne » comme le dit Waas.
90% Musset – 10% Sand
Voici donc qu'ils proposent Lorenzaccio. Cette œuvre écrite par Musset en 1834 leur va bien. Ils aiment les épopées et ces personnages bien obligés de redevenir modestes après que la société les ait portés un peu trop haut (Le Barbier de Séville de Beaumarchais, la trilogie de Pagnol, L'Ami commun de Dickens...). Lorenzo revendique le trône dans la Florence du XVIe siècle pour mieux en évincer son tyrannique cousin et libérer la population de son joug néfaste. Pas de reconstitution d'époque mais quelques projecteurs à même le sol, des chaises et des tabourets, un lit aussi. Tout cela suffit car leur matière première est le texte, qu'ils analysent de façon très poussée à la table afin de le rendre le plus "jouable" possible au plateau – même lorsqu'il s'agit de savoir comment passer d'un acteur à l'autre une simple clé, il y a discussion approfondie. Au final, trente personnages portés par cinq acteur·ice·s, Musset beaucoup et Georges Sand un peu (elle avait écrit La Conspiration a qui a servi de base au Lorenzaccio de son amant) et, comme toujours, de quoi se nourrir : une liqueur et des biscuits italiens pour planter dans cette pièce phare du romantisme du XIXe siècle.
Lorenzaccio
Du 24 juin au 1er juil, au Lycée Saint-Just, dans le cadre des Nuits de Fourvière