10 pièces de théâtre à travers la saison

Ils nous ont oubliés

TNP - Théâtre National Populaire

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / Ce n’est pas parce la saison est moins dense que la précédente qu’il n’y a plus d’embarras du choix pour aller au théâtre, loin de là. Voici 10 propositions à ne pas rater dans presque autant de lieux, en plus de celles évoquées dans les pages précédentes.

Ils nous ont oubliés

De Thomas Bernhard, ms Séverine Chavrier

C’est pas peu dire que la joie est grande qu’enfin Séverine Chavrier, à la tête de la Comédie de Genève depuis cet été, soit dans nos contrées. Alors qu’elle est née à Lyon (en 1974), elle n’y est jamais programmée. Pourtant son théâtre de l’espace (scénographies souvent magistrales) et de gestes, qui prend en compte les silences, la musique (elle a cheminé avec Rodolphe Burger), les bruits, est un des plus régénérants de ces dernières années. Elle s’appuie cette fois sur La Plâtrière, polar de l’acide et jubilatoire Autrichien Thomas Bernhard (qu’elle adapte pour la 3e fois), afin d’observer l’auto-destruction irréversible d’un couple d’aristo reclus dans une nature qui le dévore. On a hâte !

Au TNP, du 7 au 13 octobre

 

Hamlet

De Shakespeare, ms Chela de Ferrari

Attention, ce n’est pas vraiment le Hamlet dans son jus shakespearien qui est ici programmé ; il n’en reste quelques scènes, le monologue « to be or not to be » et les personnages. Pour le reste, la metteuse en scène Chela de Ferrari dit qu’elle a « récupéré les thèmes principaux [de la pièce] pour réaliser un tissage avec la vie des acteurs », qui tous sont porteurs du syndrome de Down (trisomie 21). Au départ du projet, il y a sa rencontre avec un ouvreur, Jaime Cruz, au Teatro la Plaza à Lima, au Pérou, fondé en 2003, après des années de dictature et dont elle est directrice. Il veut jouer. Ce sera donc Hamlet avec un double travail, de dramaturgie du texte originel bien sûr et une réflexion sur les réalités auxquelles confrontent ce handicap. Ce n’est pas la première fois que ce Teatro la Plaza vient jusqu’à nous (et au festival d’automne où aura joué cet Hamlet juste avant Lyon). Déjà Le Cas de la Famille Coleman (2011) de Claudio Tolcachir était un magnifique travail sur la vie d’une famille ordinaire réunie devant de la télé novelas. 
Au théâtre de la Croix-Rousse, du 18 au 20 octobre

 

PleurePASpapa

D’après Pasolini, ms Jules Benveniste

Voici la pièce lauréate des Envolées 2022, la biennale de la jeune création théâtrale en région à laquelle sont précisément associés les Clochards célestes. Pensée par Jules Benveniste, diplomé  de l’ENSATT section acteur, ce travail est le récit d’un migrant italien qui va raconter son voyage entre sa langue maternelle, l’italien, et la nouvelle, le français. La compagnie annécienne Bougier Toto emprunte des bribes d’œuvres de Pasolini. « Quand ça parle de foot, on voit un match » selon Martha Spinoux, membre du jury. À nous d’aller voir et écouter cette jeune création avec son en live, un autre langage.

Aux Clochards célestes, du 27 au 31 octobre

 

1, 8 m²

De et par Ivan Viripaev

C’est la taille d’une cellule de prison en Biélorussie. L’auteur dissident russe Ivan Viripaev, tant joué en France depuis une dizaine d’années (OVNI, Ivres, La Ligne solaire, Illusion…), et aujourd’hui citoyen polonais s’est intéressé à un pays frontalier de ses deux nations : la Biélorussie. Dans un carré dessiné au sol, il va faire entendre des récits de vies broyées par le régime de Loukachenko, des témoignages qu’il a recueilli auprès de véritables détenus. Passé par les Amandiers de Nanterre et Reims, voici le spectacle dans le cadre de Sens interdits. L’attente de voir cette création récente est aussi grande que l'effroi que probablement il dégage.

Au TNP, les 19 et 20 octobre. Dans le cadre du festival Sens interdits

 

The Roaming

De Mathieu Pradat

Voici un spectacle passé par la section Venice VR de la Mostra de venise 2018 signée par un diplômé d’architecture, Mathieu Pradat. Il dote 6 à 8 spectateurs de casque de réalité virtuelle et permet ainsi de retrouver les enfants de La Nuit du chasseur de Charles Laughton et de les sauver des griffes du shérif. Dans un univers noir et blanc, avec de vrais acteurs pour incarner les personnages, il nous convie, durant 50 minutes, à déambuler dans les marais et les roseaux. Si nous n’avons pas encore tenté cette expérience, elle correspond en revanche précisément à l’identité du TNG qui donne à voir des spectacles différents de ceux accueillis dans les lieux voisins, dans leur fonds mais surtout dans leur forme qui s’appuie sur des technologies nouvelles et en permanente mutation au service d’un théâtre sensible, notamment avec le festival Micro-mondes consacré au théâtre immersif dans lequel s’inscrit cette « errance ». Si cette création n’en est pas le meilleur exemple, le TNG a aussi placé sa saison sous le signe de l’humour et de la joie. Qui se niche dans les autres propositions de la saison. Piochez !

Au TNG Ateliers-Presqu’île, du 14 au 19 novembre. Dans le cadre du festival Micro mondes

 

Herculine Barbin

De Herculine Barbin et Michel Foucault, ms Catherine Marnas

C’est Michel Foucault qui le premier s’est penché sur cette Herculine Barbin, née femme en 1838 et re-assignée homme par des médecins vingt ans plus tard face à son corps androgyne. Elle a tenu un  journal, le premier d’une hermaphrodite, il l’a préfacé et publié. C’est Catherine Marnas, directrice du CDN de Bordeaux, qui le met en scène la saison dernière et nous ne l’avons pas vu encore. La question de l’assignation de genre est aujourd’hui dans les débats et une bonne partie de la jeunesse s’en fout pas mal, ne faisant plus forcément le distingo. L’Histoire avance. Yuming Hey, le Mowgli du Jungle Book de Bob Wilson (ouverture des Nuits de Fourvière 2019), sautillant et gender fluid incarne Herculine Barbin avec un deuxième acteur endossant les autres personnages. Pas étonnant que ce spectacle trouve sa place au théâtre du Point du jour, miroir des cris de la société et dont la magnifique photo d’ouverture de plaquette montre un clown sur le site du barrage de Sivens quelques heures avant la mort de Rémi Fraisse.

Au théâtre du Point du Jour, du 22 au 24 novembre

 

À poils

Alice Laloy nous avait subjugué par la noirceur de son Pinocchio, une cohorte d’enfants postés à des établis, en train de fabriquer des pantins, métaphore de l’homme-machine mais aussi apparition de ces mômes qui confectionnent les objets de consommation des grands. Avec À poils, créé dans la foulée, en 2020, elle revient vers un esprit de fête, toujours avec des enfants sur le plateau. Ici, ceux du public (conviés dès 3 ans) construisent le décor du spectacle en déplaçant des flight-cases avec trois techniciens barbus et chevelus. Ensemble, en déballant ces trésors, ils vont fabriquer une poilosphère qui les englobe dans un même cocon avant que ça ne parte définitivement en live, en concert donc !

Aux Subs (programmation TNG hors les murs), sam 25 et dim 26 novembre. Dans le cadre du festival Micro mondes

 

 

Les Raisins de la colère

De John Steinbeck, ms Hugo Roux

Voici une compagnie que l’on aime, Demain dès l’aube, fondée, à même pas 20 ans par le metteur en scène Hugo Roux qui l’avait du même coup lancé sur de solides rails avec L’Eveil du printemps. C’est au festival estival de Malaz (vers Annecy), qu’il a élaboré ce projet avec notamment un artiste invité pour sa mémorable et hautement politique série Je m’en vais mais l’Etat demeure, Hugues Duchêne. Il sera Tom Joad, le personnage principal de ce livre totem de John Steinbeck. À ses côtés, Jean-Yves Ruf, Valérie Blanchon ou encore Lauriane Mitchell et Mickaël Pinelli, souvent vus à Lyon. Après son adaptation de Leurs enfants après eux, Hugo Roux continue d’observer les conséquences d’une crise, non pas sur une génération mais sur une famille cette fois-ci, entre Oklahoma et Californie dans les années 30. Ne pas rater la seule date ici un mois à peine après la création à la Maison des arts du Léman de Thonon-les-Bains à laquelle il est associé.

Au théâtre de Vénissieux, vendredi 19 janvier

 

Welfare

D’après Frédérick Wiseman, ms Julie Deliquet

On avait laissé Julie Deliquet aux Célestins avec 8 heures ne font pas un jour de Fassbinder (passionnée qu’elle est de porter des cinéastes au plateau depuis longtemps), sa brillante adaptation sensible, pêchue et infiniment à hauteur de ses personnages ouvriers allemands des années 1970, jamais en surplomb. C’est la même que l’on a revu dans la Cour d’honneur du Palais des papes cet été à Avignon et qui revient dans le théâtre à l’italienne. Pas impressionnée par l’immensité du plateau, ne cherchant pas à le remplir inutilement, la directrice du CDN de Saint-Denis (Théâtre Gérard-Philipe) s’est concentrée sur ses quinze protagonistes qui pointent (ou travaillent) au guichet d’un centre d’aide sociale américain que le documentariste Frederick Wiseman avait filmé en 1973. Est-ce juste ou nécessaire de voler quand on a faim ? La classe moyenne existe-elle encore ? Il est des questions intemporelles que Deliquet se coltine et fait entendre. Ce n’est jamais de refus.

Aux Célestins, du 24 janvier au 3 février

 

Némésis

d'après Philip Roth, ms de Tiphaine Raffier

Après des spectacles qui se voulaient coups de poings mais qui restaient si sages (Un France-fantôme grandiloquent sur la question de la liberté à gagner contre les machines et le démonstratif Réponse des hommes), Tiphaine Raffier, associée au TNP, revient avec une proposition beaucoup mieux charpentée, probablement parce qu’elle laisse tomber l’écriture et adapte celle d’un immense écrivain, Philip Roth, qui décrit la propagation d’une épidémie meurtrière. Dans des différents tableaux remarquablement scénographiés, avec toujours de la musique live beaucoup mieux intégrée au théâtre qu’auparavant, avec un chœur d’enfants de colo tout droit sortie d’un film de Wes Anderson, l’ancienne comédienne de Julien Gosselin (Les Particules élémentaires…) parvient à créer un spectacle fort et beau.

Au TNP, du 3 au 9 février

 

Avant la terreur

d'après Shakespeare, ms de Vincent Macaigne

Six ans que Vincent Macaigne n’avait pas recréé au théâtre, son premier terrain de jeu depuis qu’avec Manque de Sarah Kane (2004) mais surtout sa série de Requiem, Idiot ! (2009) et Au moins j’aurai laissé un beau cadavre d’après Hamlet (2011), il s’est amusé à dézinguer des figures de la littérature de l’art dramatique. C’est précisément pour faire suite à son Dostoïevski et son Shakespeare qu’il s’attaque à une lecture de Richard III, un des héros les plus fascinants du théâtre. Si parfois, ses mises en scènes destructrices et grandiloquentes ont viré au systématisme, force est de reconnaitre qu’il présente ses  héros sous un jour nouveau. Après avoir triomphé partout en France depuis plus de 15 ans, c’est la première fois qu’il joue à Lyon !

Aux Célestins, du 16 au 23 mai

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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