Claire Chesnier : l'émotion atmosphérique

En pénétrant dans la première grande salle de la galerie rue Longue, nous sommes saisis par un sentiment de bien-être, reliant le mouvement libérateur de l’espace à l’acte respiratoire profond. La vingtaine d’œuvres exposées, pour la plupart de grande taille, construisent des lieux précieux, à la fois intimes et incommensurables. Ce sont des peintures qui, comme le dirait Heidegger, « s’espacent » à travers des visions indéfinies et brumeuses.

Les regardant, le spectateur semble percevoir quelque chose, comme si un voile s’était posé sur ses yeux. Cette sensation restitue au regard une propriété ancienne : celle d’un regard visionnaire, qui se situe à la fois au-delà et en-deçà de l’acte du voir. Pour reprendre les mots de l’artiste, « la peinture est une histoire du toucher, du comment toucher et être touché. Elle arrive là où les mots manquent par la tactilité et le rythme ». Il y a donc un aspect haptique dans ses œuvres représentant l’expression de l’intempestivité du geste indéfini. Un langage fuyant le danger de l’inarticulé et qui laisse résonner, au contraire, des harmonies minimales et fascinantes.

La pratique de la musique et de la danse, cultivée depuis son plus jeune âge, trouve un écho dans ses œuvres à l’encre sur papier, articulant un espace atmosphérique qui rappelle certaines recherches informelles, en premier lieu celles de Mark Rothko. Diplômée de l’ENSBA de Paris puis de la Sorbonne, Claire Chesnier s’est perfectionnée dans l’atelier du peintre Jean-Michel Alberola avant d’entamer une intense collaboration avec Agnès b., prélude de sa reconnaissance nationale.

Claire Chesnier, Rayer le jour, le soir étain
À la Galerie Ceysson & Bénétière (Lyon 1), jusqu’au 2 décembre