Bistrot / Le chef surdoué Mathieu Rostaing-Tayard revient en trombe (et à temps partiel) depuis Biarritz. Ça se passe au Micro Sillon, dans le 1er.
Où est passé MRT ? Qui l'a vu en dernier à Lyon ? Il apparaît, rue dans les casseroles puis plie les gaules. Mathieu Rostaing-Tayard, c'est son nom. Il se l'est forgé à l'enseigne du 126 il y a 15 ans. Tout Lyon s'y pressait, puis il est parti au café Sillon, tellement bien !, que les distinction sont tombées – meilleur bistrot 2015, selon le guide du Fooding.
Il a décalé à Biarritz, pour encore des applaudissements, mais il vient de fermer. Alors, la suite ? On n'a pas parlé de son pied-à-terre lyonnais, Micro Sillon, entre les mains de son ex-sommelière, Joanna Figuet, à un saut de puce de Sathonay. Or, ce bar à vins eut, cet automne, l'occasion de s'agrandir.
Bistrot du soir
MRT a sauté sur cette occasion avec quelques copains, notamment Floriant Rémont (Roliko) et Mathias Merle (anciennement Radicelles à Annonay). Ce qui nous donne un nouveau bistrot, du soir uniquement, où lui-même vient mettre la main à la pâte de temps en temps, avec, si possible, des produits dans le coffre – cette semaine, un arrivage de poissons de Saint-Jean-de-Luz.
C'est une annexe toute petite, tant que la météo ne permet pas de déborder sur la jolie placette. On y mange dans la pénombre (à côté de bougies, et de lourds rideaux), sur du bois (trois tables de ferme, quatre carrés de planches). Avec les murs verts, on se croirait en forêt. Pour seule déco : des bouteilles. L'amateur de vins nature reconnaîtra les siens : Souhaut, Calek, Houillon, Sage – on a vu une tablée japonaise se ruer sur ces quilles du Sud Pilat, affirmant qu'à Tokyo on se les arrache.

Gratin de cardons
Un soir de grand froid, Mathias Merle (c'était lui en cuisine lors de notre venue) proposait des tripes au vin jaune, un encornet à la braise et un poulet de Bresse pour deux. On a sauté sur un gratin de cardons, servi dans un vieux poêlon émaillé. D'habitude, le légume de Vaulx-en-Velin est servi très fondant, caché sous béchamel. Ici, on prend le contre-pied, la carde reste croquante, végétale, au chaud dans un roux brun parfumé au genièvre, gratiné à la tomme basque. Ensuite, on ne pouvait pas manquer le turbot. Qui sert à Lyon d'aussi beaux turbots ? Un pavé de plusieurs centimètres de haut, extrait d'une bête de huit kilos. Magnifique, avec juste un beurre blanc au poivre vert, quelques choux de Bruxelles al dente, des œufs de truite d'Archiane (une pisciculture du Diois prisée des chefs étoilés). Enfin, une tartelette aux agrumes, parfait équilibre douceur-acidité-amertume. On a mangé notre meilleur repas de l'année (qui n'avait, il est vrai, que 16 jours) certes dans un style plus classique que l'ancien Sillon. Lors de notre venue le restaurant était quasiment vide. Le Lyonnais est dur (d'oreille ?). D'autres ont pourtant bien reçu la nouvelle : le lendemain, le "meilleur chef du monde", Mauro Colagreco, est ainsi venu diner.
Micro Sillon restaurant
6 place Fermand Rey, Lyon 1er, à côté du bar à vins
De 19h30 à 22h30. Fermé dimanche et lundi
Carte 43-65€