Festival / Quais du polar se penche cette année sur les frontières. Matérielles, symboliques ou littéraires, elles sont allègrement abolies pour cette 21ᵉ édition. Avec plus de 125 auteurs et autrices, 75 rencontres et conférences, le festival se déploie dans toute la ville, pour quatre jours de festivités autour de ce genre littéraire majeur.
Maylis de Kerangal a créé la surprise de la rentrée littéraire avec Jour de ressac, un polar en bonne et due forme. C'est donc une belle nouvelle de la voir programmée au festival (rendez-vous samedi à 11h30 pour passer une heure avec l'autrice). Les incartades entre littérature noire et blanche sont également incarnées par Sandrine Collette, qui franchit les frontières du roman noir tout en restant fidèle à ses thématiques avec son roman Madelaine avant l'aube, ou encore Olivier Norek, ancien policier révélé par le polar, dont le dernier roman Les guerriers de l'hiver a reçu les prix Renaudot et Jean Giono. Ces trois auteurs seront réunis autour de la table ronde "Du genre littéraire à la littérature sans frontières : ces plumes sous influence" (vendredi à 17h30). Mais le polar fricote aussi avec l'horreur et le fantastique ("Toutes les nuances du noir" vendredi à 17h30), la BD ("La bande dessinée aux frontières du réel" avec notamment les géniaux Lucas Harari et Iris Pouy, samedi à 13h), la comédie ("L'heure est grave, mais le ton reste léger" dimanche à 10h), la poésie et bien d'autres.

Aux frontières du réel
Réunissant des autrices et auteurs de 17 nationalités, le festival dresse un portrait de l'état du monde, au travers de tables rondes qui abordent des sujets fondamentaux, tels que la défense de l'environnement avec "Le mal qu'on fait à notre monde : allier le vert et le noir" (samedi à 14h) qui réunit Morgan Audic, breton récompensé du prix des lecteurs Quais du Polar / Le Figaro l'an dernier pour son thriller sauvage Personne ne meurt à Longyearbyen (Albin Michel, 2024), la québécoise Roxanne Bouchard, autrice de la série Joaquin Moralès (dont Nous étions le sel de la mer a également été récompensé par les lecteurs de Quais du Polar en 2023), Grégoire Osoha, journaliste passé par Amnesty International, pour Atome 33 (éditions Marchialy, 2025) qui dénonce la pollution à l'arsenic du géant minier Glencore au Québec, et enfin la suédoise Sara Strömberg dont le Terrain glissant (Harper Collins, 2025), couronné meilleur polar de l'année en Suède, convoque promoteurs et politiciens peu soucieux de l'environnement.
On explorera aussi la sombre actualité avec "Trump, acte 2 : l'Amérique qui s'annonce" où Marc Levy, Attica Locke, Douglas Preston et Duane Swierczynski sont attendus en nombre (à la Chapelle de la Trinité, samedi à 14h) pour partager leurs ressentis "de citoyens". Pour "Littérature et humanité : SOS Méditerranée à travers les voix des auteurs", la table ronde réunira des autrices, des auteurs et des bénévoles de l'association (samedi à 18h30).
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"Dénormaliser" l'extrême droite
Ancré dans la réalité sociale, le polar se nourrit de l'actualité et témoigne des fractures de nos sociétés. "Dénormaliser l‘extrême droite : polar et bête immonde" (dimanche à 14h) proposera une réflexion sur cette tendance inquiétante, celle-là même qui nourrit la réflexion de nombreux auteurs. En présence de Jérémie Claes, auteur et chroniqueur à la télévision belge, ainsi qu'Harold Cobert (Le procès Mein Kampf, Les Escales, 2025), Jérôme Leroy, Nicolas Martin et Jacky Schwartzmann, dont le tout dernier roman Bastion (Seuil, 2025) plonge en immersion dans l'ultra-droite lyonnaise.
Autre thématique essentielle : "Orphelins, mineurs isolés, enfants placés : protection littéraire de la jeunesse !" se tiendra samedi à 16h au tribunal judiciaire, en présence d'un magistrat spécialisé, ou encore "Polar et ségrégation, enquête au cœur des fractures sociales" avec les grands Attica Locke et Deon Meyer qui explorent dans leurs livres les tensions raciales aux États-Unis et en Afrique du Sud. Une ouverture des frontières salutaire.
Quais du Polar
Du 4 au 6 avril au Palais de la Bourse, à l'Hôtel de Ville et dans divers lieux à Lyon ; gratuit