Théâtre / Une mère et ses deux filles viennent de tuer leur bourreau. En mettant en scène "L'Arbre à sang", texte de l'auteur contemporain australien Angus Cerini, Tommy Milliot a conçu un spectacle intense et politique. À voir à Lyon et Francheville grâce au Théâtre du Point du jour.
« – Avec une balle dans le cou, ta tête de crétin a l'air bien mieux qu'avant. – Repose en paix, papa crétin. – Salut papa sombre paquet de merde, va. – Bye bye papa misère de sac à merde, va. »
Scénographie minimale pour pièce puissante. Avec L'Arbre à sang, texte de l'auteur contemporain australien Angus Cerini, le metteur en scène Tommy Milliot a installé trois comédiennes captivantes (Lena Garrel, Aude Rouanet, et Dominique Hollier qui a également traduit le texte) sur de simples chaises : à elles de raconter, dans une langue brute, percussive, pourquoi elles ont tué un homme, ce père et ce mari monstrueux.
Tragique humour
Planté au cœur d'une Australie rurale (le fameux bush) qui pourrait finalement être presque n'importe quel autre lieu du globe, ce récit d'une vengeance croise l'enjeu sociétal des violences patriarcales avec les codes d'un art chargé d'histoire, le jeu du trio rappelle au théâtre antique. D'où la richesse d'un spectacle jamais univoque, maniant aussi bien le tragique que le suspense ou encore l'humour – c'est qu'il faut bien faire disparaître ce fichu corps afin que les visiteurs inopportuns ne se rendent compte de rien !
Et un spectacle léger dans sa forme que le tout jeune quadragénaire Tommy Milliot, friand d'un théâtre qui s'écrit au présent, a conçu avec intelligence pour être facilement joué dans des endroits qui ne sont pas forcément des lieux classiques de représentation avec scène, fauteuils confortables et rideaux de velours. Le public se retrouve ainsi au plus près des comédiennes du fait du dispositif scénique en "trifrontal" qui met tout le monde au même niveau. À tout un chacun d'alors s'imaginer (ou non) à la place de ces trois guerrières...
L'Arbre à sang
Du mardi 13 au jeudi 15 mai par le Théâtre du Point du jour, en hors les murs (mardi et mercredi à Francheville, jeudi à Lyon 5e) ; de 5 à 18€