Après la sortie de son sixième album So What en septembre dernier, Dub Inc repart sur les routes d'Europe et du monde pour une nouvelle tournée avec quatorze nouveaux titres toujours aussi punchy. Avant le très attendu concert au Zénith de Saint-Etienne le 17 décembre, nous avons rencontré deux membres incontournables du collectif, tout d'abord, Komlan, chanteur.
Avec son reggae ravageur métissé de dancehall, de musique kabyle et diverses autres influences world, Dub Inc s'est imposé comme la formation la plus emblématique du genre, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières de l'Hexagone. La production discographique régulière du groupe permet de relancer de façon quasi-ininterrompue de longues séries de concerts, lesquelles font à leur tour la preuve d'un succès qui ne cesse de grandir et de s'exporter sur les cinq continents. Komlan tente d'expliquer les raisons d'une telle longévité. « Dub Inc est né il y a dix-huit ans et je pense que l'on a su garder un certain équilibre entre nous. On reste un groupe de potes qui aiment faire de la musique ensemble, comme une seconde famille au sein de laquelle tout le monde est au même niveau, sans aucune hiérarchie. Le fait que notre travail porte ses fruits facilite pas mal les choses, l'aventure continue dans une émulation toujours positive. Et puis, avec le temps, on a su s'entourer de gens qui ont une énergie plutôt cool, avec qui on est humainement en phase. C'est très important. » Le tout nouvel album semble apporter un vent de fraîcheur au collectif, avec des sonorités inédites, sans chambouler pour autant la "recette habituelle Dub Inc". « Comme le précédent album faisait appel à des instruments traditionnels comme la mandole ou la kora, avec une certaine chaleur apportée par les cuivres, on a eu envie pour So What d'explorer de nouveaux sons, davantage electroniques. »
Du studio à la scène
Le procédé de création chez Dub Inc est aussi simple que rodé. « Les musiciens enregistrent des mélodies, des riddims, quand l'inspiration leur vient, ce qui est souvent le cas pendant les tournées. Ils font avancer ces instrumentaux avant de passer le relais à Hakim et moi, pour que l'on y pose nos textes. Puis on travaille tous ensemble pour arrêter la structure des morceaux, avec, bien sûr, l'apport de Ben, notre ingé-son qui participe à la création. » Pour la nouvelle tournée, six ou sept titres de So What ont été retravaillés pour le live. Ils s'articuleront autour des hits incontournables du groupe, des medleys et des moments d'interaction avec le public. « Nos lives sont très préparés, très carrés. On se ménage tout de même quelques phases d'impro. Et puis on a toujours des invités, ce qui sera bien évidemment le cas à Saint-Étienne ! » Il y a deux ans, le groupe faisait une tournée de plus de dix dates au Brésil avec un crochet par l'Argentine. L'Amérique latine apparaît au collectif comme un territoire qui leur correspond de façon étonnante, avec une culture musicale très festive, un continent où le reggae semble plus énergique qu'en Europe, peut-être aussi plus sensuel.
Que faire après ?
Pourtant, les textes de Dub Inc se partagent entre langue française et kabyle, avec un peu d'anglais; pas un mot d'espagnol, pas de "syndrome Manu Chao" ! Des textes qui demeurent très engagés, mais toujours positifs.
« On défend bien sûr l'opposé du repli sur soi en insistant sur l'importance du vivre ensemble. »
Komlan développe : « Nos textes sont forcément en phase avec l'année troublée que l'on a vécue.. L'expression So What pose clairement la question : et quoi ? Et maintenant que fait-on ? Après la colère puis la tristesse, quelle attitude adopter ? Nous, on défend bien sûr l'opposé du repli sur soi en insistant sur l'importance du vivre ensemble. Nos chansons font le constat amer d'une triste époque, mais on essaie toujours de terminer par un couplet qui fait ressortir quelque chose de positif, de fédérateur. Et puis bon, c'est que de la musique, on veut surtout s'amuser ! On exorcise les choses pénibles ensemble, avec notre public, à travers la musique et la fête. » Sur le titre Exil les musiciens du groupe rendent hommage à leurs parents et grands-parents qui ont quitté leur pays pour venir travailler à Saint-Étienne, principalement dans la mine. « On remercie nos parents d'avoir fait l'effort de s'exiler parce qu'on est sincèrement fiers d'eux et des sacrifices qu'ils ont faits pour nous. » Avec leurs interminables tournées, les membres de Dub Inc sont devenus en quelque sorte des migrants volontaires. Komlan conclut : « Oui, c'est vrai, mais avec la chance d'avoir le bon passeport ! »
Dub Inc, samedi 17 décembre à 20h au Zénith de Saint-Étienne (complet)
Nouvelle date le samedi 18 novembre 2017 au Zénith de Saint-Étienne
Chiffres repères
- 18 années d'existence
- 300 000 ventes de disques, avec 6 albums, 2 maxis et 1 live
- Plus de 400 000 fans sur Facebook et Deezer
- 55 millions de vues sur Youtube dont plus de 1, 5 million en quelques mois pour le nouveau clip de Triste Époque
- 350 concerts ces 5 dernières années devant plus d'1 million de spectateurs, dont 50% à l'étranger dans 31 pays différents, sur 5 continents