Lucie Antunes et Vincent Anglade « Je suis là pour créer des imprévus »

Jeudi 12 juin 2025

Entretien / Avec cinq projets répartis sur les deux mois du festival Les Nuits de Fourvière, la musicienne (au sens large) Lucie Antunes a été choisie comme "artiste en résonance" de cette édition 2025. Rencontre avec l'artiste mais aussi Vincent Anglade, codirecteur et directeur artistique de l'événement.

Chichement installés sur le petit muret en pierres du jardin attenant au Théâtre antique, Lucie Antunes et Vincent Anglade papotent au sujet du broyeur de végétaux nouvellement installé en contrebas. Les deux plaisantent, complices. Si le festival a cette année décidé de mettre une artiste "en résonance", ce n'est pas forcément dans le but d'instaurer une nouvelle habitude, mais plutôt pour valoriser une complicité féconde. Il y a quelques années déjà, Vincent Anglade, qui dirigeait alors le festival Days off à la Philharmonie de Paris, invitait Lucie Antunes. « Je suis tombé amoureux de l'artiste, de la performance » avoue-t-il avant d'ajouter « l'aventure était lancée ».

À la croisée des chemins

Inviter Lucie Antunes, c'était faire le choix de valoriser une proposition musicalement mais aussi esthétiquement polymorphe, ainsi qu'un regard queer, éminemment politique, donnant voix, sur la scène du grand théâtre, à une lecture de textes de la théoricienne et militante féministe lesbienne de la deuxième vague Monique Wittig, déclamée par Anna Mouglalis, sur une musique électrorock du collectif Draga (Ô Guerillères). « Avec ce projet, un grand nombre de gens vont pouvoir développer une sensibilité autour de ce texte qui est encore aujourd'hui très fort », détaille Lucie Antunes.
 
On retrouvera le groupe Draga entouré d'autres artistes vendredi 18 juillet avec La nuit sauvage : Clara Ysé, Rebecca Chaillon, Sarah Forever, Mélissa Laveaux, Verity Susman. « Ce sont toutes des performeuses ainsi que des artistes qui ont un réel engagement », témoigne l'artiste qui va également proposer le projet hors-normes (et gratuit) qu'est La Symphonie pour 100 batteries à la Halle Tony Garnier le 21 juin prochain.  « Avec l'instrument qui parle plus fort, comment arrive-t-on à s'entendre ? À discuter ? » interroge Vincent Anglade, soulignant les réflexions qui perlent à la surface de ce travail.

La fête, en corps

Autre proposition fédératrice, 360, en complicité avec le chorégraphe et danseur Mehdi Kerkouche, à découvrir au Transbordeur du 8 au 10 juillet. Le spectacle prône la danse comme moyen de se retrouver, et de faire la fête ensemble. Dans une jolie continuité festive Les Nuits de Fourvière se terminera avec un karaoké géant, le samedi 26 juillet, pour une soirée à 10€ l'entrée. « Je me suis inspirée d'un open mic berlinois » avance Lucie Antunes. Avec cette invitée ''en résonance'', le festival assume donc un regard queer, féministe et l'utopie d'une société qui fait corps ensemble. « Je ne sais pas si on sera capable de reproduire un truc aussi dingue », termine Vincent Anglade.
 
Les Nuits de Fourvière
Du 2 juin au 26 juillet dans différents lieux de la ville ; de 10 à 67 €