Une pianiste, trois jongleurs et des balles blanches en grand nombre : une équation de départ on ne peut plus simple et un brin éculée pour un spectacle contemporain. Sauf que le Petit Travers (un collectif d'auteurs, jongleurs, danseurs, musiciens et comédiens venus d'horizons divers) transcende ce postulat initial pour y adjoindre de la poésie et du burlesque. Ce qui donne un résultat inattendu et surprenant, où le plaisir des sens est roi, et où l'imaginaire fait office de foi.
Dans une scénographie épurée savamment étudiée (très belle création lumière), les trois jongleurs Nicolas Mathis, Julien Clément et Denis Fargeton, tout de noir vêtus, donnent vie à leurs balles, qui deviennent les véritables interprètes du spectacle : elles dansent les unes avec les autres, glissant contre le corps d'un jongleur, s'entrechoquant ici et là, bondissant sauvagement, chutant soudainement, s'évaporant en un clin d'œil. Une chorégraphie de l'aléatoire en somme, même si l'ensemble apparaît rudement maîtrisé.
Et c'est bien ce qui séduit dans ce Pan-Pot ou modérément chantant : cette construction qui semble ne tenir qu'à un fil, laissant le spectateur frémissant jusqu'au final hypnotisant (qu'on ne vous dévoilera pas ici, bien évidemment !). Non sans rappeler les films muets du siècle dernier, la pianiste Aline Piboule porte l'ensemble, créant cette musicalité du jonglage envoûtante. Car au fond, les notes d'une partition ne sont-elles pas que des balles égarées par les jongleurs ?
Aurélien Martinez
Pan-Pot ou modérément chantant
Jeudi 1er et vendredi 2 avril, à 20h. A l'Hexagone (Meylan)