A la fois sublime histoire d'amour et thriller oppressant à l'arrière-goût tenace de corruption sociale, le nouveau film de Pablo Trapero convainc sur tous les tableaux grâce à une sensibilité cinématographique rare. François Cau
Enfin, quand on dit héros, dans un premier temps, le terme est assez relatif. Sans complaisance déplacée mais sans détourner le regard pour autant, Pablo Trapero inscrit avant toute chose ses deux personnages principaux dans une réalité sociale hardcore, les aborde à un point de non-retour où l'un et l'autre vont vouloir se projeter à corps perdus dans cette relation dont l'évidence s'impose de fait. Ce rapprochement a priori improbable entre ces deux corps étrangers, le film parvient à en faire un atout de poids, voire sa vraie raison d'être quand le chaos alentour s'estompe. Splendeur d'une photo à la fois crue, réaliste et pouvant subitement magnifier la moindre ride, discrétion d'une réalisation qui sait se faire oublier pour mieux nous cueillir, précision du montage... Par fines touches, Pablo Trapero nous happe dans un récit dont les sautes d'humeur violentes renforcent peu à peu le sentiment d'immersion. Et quand, dans le dernier acte, le film de genre reprend ses droits, Carancho recoupe d'une façon pour le moins inattendue tous ses enjeux, en un geste cinématographique spectaculaire. Ces quelques minutes ne justifient pas le film, elles le subliment un peu plus. Carancho
De Pablo Trapero (Arg, 1h47) avec Ricardo Darin, Martina Gusman...