Les magiciens d'Oz

Sorti en DVD en France l’an dernier, l’excellent documentaire Not quite Hollywood nous invite dans le monde incroyable du cinéma de genre australien des années 70 et 80. FC

Connaissez-vous le monde merveilleux de la Ozploitation ? Contraction extrême des termes Aussie (australien) et exploitation, ce mot adorable désigne tout un courant de productions à petit budget mêlant avec bonheur sexe, horreur, action, comédie grasse, grosses bagnoles et cascadeurs kamikazes. On s’en doute, ces films n’ont pas eu les honneurs des historiens du cinéma, d’autant qu’à la même époque émergeaient des auteurs australiens bien plus respectables, tels que Peter Weir avec son magnifique Picnic at Hanging Rock. Bien que conspué, ce cinéma populaire fait de bric et de broc a tout de même eu un impact international voire une certaine influence, notamment chez ce grand taré cinéphile de Quentin Tarantino. C’est tout naturellement vers ce dernier que s’est tourné le réalisateur Mark Hartley, pour financer sur son seul nom un documentaire consacré à ces pelloches déviantes, mais aussi dans certains cas puissamment libertaires, osées, et révélatrices de vrais talents cinématographiques, ralliant des auteurs exaltés et des artisans passionnés.

L’amour du risque

Avec en fil rouge la parole volubile et à l’enthousiasme contagieux de Tarantino, le documentaire Not quite Hollywood dresse un portrait honnête – et donc halluciné – de ce cinéma, tout en faisant ressentir l’immense tendresse nostalgique qu’il nourrit à son égard. D’une trame classiquement chronologique, Hartley parvient à tirer un récit assez épique, fourmillant d’enseignements sur le cinéma australien, son Histoire, sa réception, son assise contextuelle, et donc les spécificités de son cinéma de genre, dont les plus fameux représentants s’expriment a posteriori sans aucune langue de bois. Ce qui nous vaut des séquences plutôt croquignolesques où les gloires de la Ozploitation nous narrent par le menu les combines, risques et accidents en tous genres et autres conflits surréalistes, avec une liberté de ton honorant le caractère franc-tireur des œuvres abordées. Parmi ces dernières, si l’on compte beaucoup de séries B à Z ne faisant pas vraiment dans la dentelle (le summum étant sans nul doute le sauvage Les Traquées de l’an 2000 - photo), on découvre également de bons films (on y détaille les conditions de confection parfois rocambolesques du premier Mad Max, par exemple) et de véritables trésors cachés (comme le film d’horreur Next of Kin, que Tarantino compare tout de même à Shining !). Document précieux, aussi rigoureux que passionné sur un cinéma peu connu, la vision de Not quite Hollywood est indispensable à tout cinéphile.

Not quite Hollywood
De Mark Hartley (Aus, 1h39) documentaire
Disponible en DVD chez MK2

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