Pour lancer sa nouvelle édition (dont on reparlera longuement la semaine prochaine), le festival des Maudits films s'offre une soirée d'ouverture grande classe avec le diptyque de John Carpenter consacré à son héros le plus légendaire, Snake Plissken. Après deux succès retentissants qui renouvelaient le genre du cinéma d'horreur (Halloween et Fog), Carpenter tourne en 1981 une pure série B d'anticipation, New York 1997. L'Amérique, qui voit son taux de criminalité exploser, réagit de manière radicale en transformant la Grosse Pomme en ville-prison ultra sécurisée dans laquelle sont déportés tous les délinquants (au sens très large du terme) de manière définitive. Pas de bol, le Président des États-Unis est victime d'un crash à bord d'Air force one, et se retrouve livré à la horde des prisonniers. En échange d'une grâce, Snake Plissken (Kurt Russell), hors-la-loi hors du temps, a vingt-quatre heures pour aller le récupérer. Amateur de western, Carpenter en retrouve l'esprit et les codes par la seule force de ce personnage badass et viril, individualiste et iconisé. Adepte du grand «fuck off» final renvoyant tout le monde (politiciens et malfrats) dos-à-dos, Plissken rempile 16 ans plus tard dans une suite-variation où il doit aller sauver la fille d'un autre Président, à Los Angeles cette fois. Encore plus offensif et critique envers l'Amérique, son consumérisme débridé et son puritanisme exacerbé, Los Angeles 2013 est aussi plus fun que son prédécesseur. La dernière séquence est un monument où non seulement Plissken affirme de manière radicale ses valeurs, mais où Carpenter lui-même exprime avec un culot hallucinant son mépris des règles et des idéologies. On ne s'en lassera jamais !
Christophe Chabert
Soirée Snake Plissken
Salle Juliet Berto, mardi 22 janvier à 20h (précédée d'une présentation par Benjamin Coquenet)