Pour fêter ses dix ans d'existence, le cinéma de quartier des Barbarins fourchus propose quatre jours de programmation entièrement dédiés au cinéma bis. L'occasion de (re)découvrir quelques classiques dans un cadre cinéphile et convivial.Damien Grimbert
Avant de devenir progressivement la chasse gardée des cinéphiles érudits, le cinéma bis fut pendant longtemps un divertissement de prédilection des classes populaires qui s'évadaient ainsi de leur labeur quotidien à l'occasion de programmes exotiques projetés dans des petites salles de quartier décrépies à la fréquentation interlope. Monstres géants, ninjas, aliens, samouraïs, zombies, mercenaires, aventuriers, vampires, cow-boys, maîtres de kung-fu et pirates s'y affrontaient à l'écran pour les beaux yeux de jeunes filles peu farouches, offrant généreusement évasion, frissons, imaginaire et divertissement bon marché aux jeunes prolétaires en mal de sensations fortes...
Une époque désormais révolue mais ponctuellement ressuscitée depuis dix ans à Grenoble par l'équipe des Barbarins fourchus avec des doubles-séances dont on s'est souvent fait l'écho dans ces pages.
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Et pour cause : contrairement aux salles de l'époque, les films sélectionnés par les Barbarins réunissent exclusivement des perles du genre, à même de convaincre aussi bien cinéphiles aguerris que néophytes curieux. Ces derniers pourront ainsi en l'espace de quelques jours découvrir l'un des films de sabre japonais les plus cultes des années 70 (L'Enfant Massacre, deuxième volet de la série Baby Cart de Kenji Misumi), véritable concentré de fulgurances graphiques, d'ultra-violence et d'ambiguïté morale ; un magnifique western italien sur la révolution mexicaine sans Clint Eastwood à l'écran ni Sergio Leone derrière la caméra (El mercenario de Sergio Corbucci) ; ou encore un péplum fantastique à la fois touchant, drôle et visuellement splendide signé par le grand Mario Bava (Hercule contre les vampires).
Pas encore rassasié ? Jetez-vous donc sur le summum de la comédie horrifique des années 80 (Ré-animator de Stuart Gordon, lointainement inspiré d'une nouvelle de Lovecraft), ou encore sur ce qui restera sans doute comme le film le plus subversif du génial John Carpenter, Invasion Los Angeles (photo), parabole aussi cinglante qu'hilarante de l'Amérique reaganienne dans lequel un ex-catcheur professionnel déjoue une invasion extraterrestre à l'aide d'une paire de lunettes de soleil...
Et c'est bien là tout le paradoxe du cinéma bis à son meilleur : on croit s'attendre à un divertissement potache bas de gamme et on tombe sur d'époustouflantes pépites de cinéma visuellement superbes qui en disent long sur leur époque. Que demander de plus ?
Festival du cinéma de quartier, du mardi 31 mars au vendredi 3 avril à la Salle noire