Impossible de ne pas entendre dans les premières notes de cordes grinçantes de l'album Dead Man – le second d'Harold Martinez après le très remarqué Birdmum – l'atmosphère fantomatique de la bande-son composée par Neil Young pour le film éponyme, surréaliste et métaphysique de Jim Jarmusch, ce parcours initiatique d'un homme mort-vivant. Puis les guitares western – on ne peut plus western – arrivent et Harold Martinez scande « I turn around in my prison (...) I'm dead and gone, but safe and free ». Immédiatement, c'est une évidence, le production brute d'Harold Martinez et de son compère batteur Fabrice Tolosa s'est non seulement étoffée mais a gagné en atmosphère comme en noirceur. Ces incantations ne sont que plus vibrantes et pénétrantes – on y retrouve ce timbre chamanique qui font de Martinez le David Eugene Edwards du Sud-Est (de la France, hein ?).
Et puis bien sûr, il y a ces compositions, qui elles aussi ont franchi un pas de géant, garnies de percussions, de cordes, d'orgues, sans que jamais le superflu ne viennent alourdir cette marche mort-vivante, d'un homme qui cherche à comprendre ce qui a fait de lui une ombre. Un destin que ces murs de guitare stoner dégringolant comme un déluge rendent irréversible. Attention, ce blues des ténèbres, capable de transcender tous les paysages, pourrait bel et bien répondre à l' « appel du sang » musical qui est vraiment le sien. Celui du Sud-Est toujours, mais des États-Unis.
SD
Harold Martinez + Lull, samedi 17 mai à 20h30, à la Maison de la Musique (Meylan)