Kaori Ito est une danseuse littéralement exceptionnelle, à la technique remarquable. Elle a ainsi étudié le ballet classique au Japon dès ses cinq ans avant de partir à l'âge adulte vers les États-Unis pour poursuivre sa formation. On la verra ensuite dans de nombreuses créations de chorégraphes européens renommés : Philippe Decouflé, Angelin Preljocaj, James Thierrée, Alain Platel... Chaque fois, quoi que l'on pense de la pièce, elle illumine le plateau – la MC2 l'avait même mise en première page de sa plaquette de la saison 2010-2011 avec une photo extraite du Out of context de Platel. C'est dire qu'en décidant de faire un portrait chorégraphique de Kaori Ito, le metteur en scène et chorégraphe Aurélien Bory avait toutes les cartes en main pour créer un très beau spectacle.
C'est justement ce qu'il a fait : son Plexus (littéralement « réseau de filets nerveux ou de vaisseaux ») est un hommage sublime à la danseuse et à son corps qui semble frêle mais est néanmoins solide au vu de ce qu'elle en fait, elle qui a été « soumise à des influences contraires, tiraillée entre des choix artistiques ». « Ces tensions l'ont traversée » explique Aurélien Bory en note d'intention. Dans une scénographie très visuelle faite de milliers de fils en nylon, Kaori Ito est alors tour à tour force de proposition et marionnette désarticulée, illustrant subtilement la condition parfois schizophrénique d'interprète. Enrichi de nombreuses trouvailles visuelles, ce solo réunit magistralement les univers de deux des artistes actuels les plus singuliers.
Aurélien Martinez
Plexus, vendredi 13 et samedi 14 mars à 20h, à l'Hexagone (Meylan)