Panorama de rentrée culturelle 2019/2020 / Un programme entre solo, chorégraphie de groupe, reprise bienvenue ou encore concours tourné vers l'avenir.
Vertikal
À chaque spectacle, Mourad Merzouki confronte la danse hip-hop à une difficulté qui lui donne matière à création. Ce furent la musique baroque (Boxe, boxe), les arts numériques (Pixels) ; voici qu'il titille la verticalité du plateau avec des murs mouchetés de prises d'escalade et des déplacements latéraux. Si, au début, ses danseurs sont trop la démonstration de tous les mouvements possiblement réalisables avec cette contrainte et que le chorégraphe multiplie les séquences de danse qu'il superpose (on ne sait plus où et qui regarder), peu à peu, il oublie l'épate et se dégage alors une sensation d'apesanteur : les interprètes s'emparent des accroches du mur avec une facilité feinte. Et sa troupe respire avant d'embrayer sur un bouquet final saisissant.
À la MC2 du mercredi 9 au vendredi 11 octobre
Métaphormose(s)
Un duo, créé en 2007, tendu et intense entre un musicien (Camille Perrin) et un danseur (Nicolas Hubert) où la monstruosité s'entremêle à la beauté. Et un spectacle visuel pétri d'images à la croisée du cinéma, du graphisme ou de la peinture, le propos se dessinant par touches, au fil des peaux abandonnées.
Au Théâtre de poche jeudi 7 et vendredi 8 novembre
Ash
Le chorégraphe Aurélien Bory réalise souvent des portraits dansés de femme. Après Stéphanie Fuster et Kaori Ito, il a travaillé avec l'interprète indienne Shantala Shivalingappa. Le résultat est un solo envoûtant construit avec de nombreuses images évocatrices, notamment grâce à de la cendre au sol ou encore à une immense feuille de papier en fond de scène qui sert de percussions. Et à la présence magnétique de la danseuse, entre tradition et modernité.
À l'Hexagone (Meylan) mardi 26 et mercredi 27 novembre
Podium
Pour sa dixième édition, le concours [re]connaissance, qui vise à promouvoir la danse contemporaine auprès d'un large public en lui montrant des artistes en, justement, voie de reconnaissance, devient Podium. Un changement de nom qui illustre un changement de forme (l'aventure devient biennale), même si l'ossature reste sensiblement la même : la découverte sur deux soirées de douze extraits de spectacle. Et la possibilité de voter pour son préféré. On en parlera plus longuement en novembre.
L'Homme à tête de chou
Créée en 2009 d'après l'album de Serge Gainsbourg repris par Alain Bashung (que l'on entend sur la bande-son mais que l'on n'a jamais vu sur scène, son état de santé lors des répétitions puis, factuellement, sa mort ne lui ayant pas permis d'être face au public), cette chorégraphie de Jean-Claude Gallotta est une pure merveille chargée en émotions qui n'est pas écrasée par ce double hommage (ce que l'on aurait pu craindre), mais au contraire aérée par la grammaire "gallottienne" ici à son meilleur. On est ravis que le chorégraphe grenoblois la reprenne.
À la MC2 du mardi 17 au jeudi 19 décembre
J'ai pas toujours dansé comme ça
Bouba Landrille Tchouda est un danseur et chorégraphe hip-hop que l'on connaît bien à Grenoble puisque, dans les années 1990, il a fait ses premières armes dans l'agglo. Ce sont ses débuts, et notamment ses premières rencontres avec la danse contemporaine (qui enrichira son hip-hop), qu'il raconte dans ce solo dansé parlé émouvant qui captivera donc celles et ceux qui ont suivi son riche parcours. Comme, plus largement, les amateurs et amatrices de danse hip-hop, voire de danse tout court.
Au Théâtre de poche (Grenoble) jeudi 30 et vendredi 31 janvier
À l'Autre rive (Eybens) mardi 10 mars
Trap Town
L'un des chorégraphes les plus cinglés de la scène contemporaine est belge et se nomme Wim Vandekeybus. Courses effrénées de danseurs, constructions de briques pulvérisées en poudres fiévreuses, portés à l'arrache, prises de risques inconsidérés : c'est peu dire de la danse de Vandekeybus qu'elle est physique, énergique, sulfureuse, indispensable. Ce spectacle, créé en 2018 mais que nous n'avons pas encore vu, est annoncé comme partant de l'universalité des mythes anciens. On sera dans la salle pour découvrir ça.
Romances inciertos, un autre Orlando
C'était l'une des heureuses surprises de l'édition 2018 du Festival d'Avignon. Soit le chorégraphe, danseur et chanteur François Chaignaud qui, accompagné de quatre musiciens hors pair (avec des instruments comme le bandonéon ou la viole de gambe), mélange danse et musique baroque espagnole. Au centre du plateau, il irradie en jouant sur le genre (il est parti du personnage, inventé par la romancière Virginia Woolf, d'Orlando, jeune noble, courtisan de la reine Élisabeth Ière, qui se réveille un jour femme) avec sa voix sublime et ses postures très théâtrales – ou, plutôt, baroques. Un spectacle magnétique.
À la Rampe (Échirolles) jeudi 9 avril à 20h