Le patron sera à l'honneur le temps d'une soirée où sera notamment projeté "La Chinoise" de Godard.
On est presque sûr qu'il ronchonnerait à l'idée qu'un hommage lui soit rendu, prétextant que les films sont plus importants que lui. Mais il n'est plus là, hélas, pour faire entendre ses protestations. Mort au début de l'été, Michel Warren a été celui grâce à qui Grenoble peut s'enorgueillir aujourd'hui de posséder son festival de courts-métrages en plein air internationalement reconnu et une Cinémathèque des plus dynamiques.
Elle en donne une preuve éclatante en inscrivant à son programme la même semaine un polar qui en a sous le capot, Bullitt de Peter Yates (lundi 19), ainsi que deux monstres : Welles et son Othello (jeudi 22) et Laurence Olivier et son Henry V (vendredi 23), ouvrant son cycle Shakespeare au cinéma.
Entre les deux, la soirée dédiée à Michel Warren (mardi 20, dès 20h) ajoutera une touche d'éclectisme supplémentaire en proposant de revoir La Chinoise (1967, photo) de Godard. Pour l'importance de ce film, long tract dialectique abstrait – réputé ferment idéologique de Mai-68 – comme pour l'une de ses interprètes féminines, la Grenobloise Juliet Berto. Icône générationnelle, cette brune énigmatique, ayant donné son nom à la salle de la Cinémathèque, étincelle d'un feu intérieur à même d'attiser bien des révoltes.
On retrouvera ensuite avec émotion la voix et la verve de Michel Warren, grâce à un document rare : un entretien effectué par Jacques Richard en 2002, diffusé en intégralité, dans lequel il évoque Henri Langlois, son mentor et modèle dans la fondation d'une cinémathèque. Une jolie mise en abyme, montrant qu'avec le cinéma personne ne disparaît jamais totalement...