PB d'or 2015 : cinéma

PB d'or 2015 : cinéma

De cette année de cinéma, on a retenu un chef-d'œuvre charnel et une escroquerie familiale.

Le PB d'or du film le plus fantas(ma)tique : Love de Gaspar Noé

Le fait qu'un groupuscule obscurantiste ait pleurniché auprès des tribunaux pour restreindre sa diffusion en réclamant que lui soit infligée une interdiction aux moins de 18 ans en raison de « scènes de sexe non simulées » (noooon ? pas possible dans un film qui s'appelle Love et qui traite d'une relation charnelle) confirme son statut de chef-d'œuvre. Car accuser Love d'outrage aux bonnes mœurs (comme Les Fleurs du mal ou Madame Bovary en leur temps) équivaut à décerner à Gaspar Noé un légitime brevet d'auteur classique contemporain.

La moindre des choses : le cinéma qu'il propose s'attache à renouveler son médium, à dépasser ses contraintes et susciter des ressentis inédits chez les spectateurs. Love explore le champ de l'intime et de l'amoureux en utilisant des codes visuels du cinéma sensuel et la 3D autour d'un récit dramatiquement complexe, bannissant symétriquement l'hypocrisie de la représentation et la complaisance. Il faut être aveuglé par des intentions rétrogrades pour refuser de reconnaître l'intensité bouillonnante et la virtuosité écarlate qui sourdent de ce film.

Le PB d'or de la plus juste sanction : Un début prometteur d'Emma Luchini

S'il arrive encore trop fréquemment que le public se fasse abuser par des productions survendues, formatées, réunissant devant la caméra des attelages baroques et plaçant derrière on ne sait trop quel projet, certains résultats en salle redonnent de l'espérance quand on voit l'accueil que leur réservent les spectateurs. L'adaptation par Emma Luchini du roman de son conjoint Nicolas Rey, interprétée par son père Fabrice et Manu Payet, a ainsi essuyé un camouflet avec 82 157 entrées – un résultat pathétique à la mesure de son originalité.

Oh, il y avait bien plus calamiteux dans l'année cinématographique écoulée (des comédies médiocres et ringardes, de l'auteurisme rasoir et raté, l'énième long-métrage d'un cinéaste tournant en rond jusqu'à la sénilité...) mais il est quand même plus rassurant de mettre en exergue le rejet d'un film sans qualité.

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