Lundi 11 février 2019 Critique du spectacle que la metteuse en scène propose à la MC2 jusqu'au jeudi 14 février.
"Les Insoumises" : il était une fois des auteures avec Isabelle Lafon
Par Aurélien Martinez
Publié Lundi 7 mars 2016

Photo : Pascal Victor

Les Insoumises
MC2
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Théâtre / La metteuse en scène propose un cycle de trois spectacles baptisé "Les Insoumises" : un terme qui n’a pas été choisi au hasard, comme on se retrouve face à des figures féminines libres, audacieuses et, donc, insoumises.
Avec les deux premiers spectacles de son cycle Les Insoumises, Isabelle Lafon veut visiblement mettre en avant des figures littéraires féminines. Une excellente idée tant l’histoire de la littérature (comme celle de nombreux autres domaines d’ailleurs) ne semble retenir que les auteurs de sexe masculin. Chaque soir, Deux ampoules sur cinq et Let Me Try sont présentés à la suite – une troisième proposition (Nous demeurons, sur « des femmes simples confrontées à la folie »), que nous n’avons pas vue, les complète le samedi lors de l’intégrale.
Deux pièces donc : l’une centrée sur Anna Akhmatova et Lydia Tchoukovskaïa, l’autre sur Virginia Woolf. Pour la seconde, Isabelle Lafon est partie du Journal intégral de la fameuse écrivaine anglaise dans lequel elle mit des mots sur son univers : on est alors au plus près de Woolf, ce que s’évertue à nous démontrer Isabelle Lafon. D’accord, même si le passage à la scène de ce matériau induit une certaine atonie qui n’est pas contrebalancée par le choix de répartir la parole entre trois comédiennes.
Lumineuses
Une atonie que l’on ne retrouve pas dans Deux ampoules sur cinq, adaptation des Notes sur Anna Akhmatova écrite par Lydia Tchoukovskaïa. La rencontre entre les deux femmes de lettres russes est vivante et captivante, notamment grâce au personnage d’Akhmatova. Isabelle Lafon, qui campe cette grande poétesse russe du siècle dernier pas forcément très connue en France, a véritablement construit un personnage de théâtre à partir de l’auteure. Des passages sont ainsi très drôles, comme celui où Akhmatova explique ne pas aimer Tchekhov, ou celui où elle remonte dans le temps pour annuler sa mort.
En 1h10, les deux femmes racontent avec justesse un petit bout d’URSS, au milieu du siècle dernier, sous Staline donc. Une époque où il fallait se faire discret pour défendre ce à quoi l’on croyait, d’où cette scénographie épurée éclairée à la lampe torche par les comédiennes et les spectateurs des premiers rangs. Une idée lumineuse qui fait beaucoup à la réussite de la pièce.
Les Insoumises
À la MC2 jusqu’au samedi 12 mars
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