de Paolo Sorrentino (It-Fr, 2h38) avec Toni Servillo, Elena Sofia Ricci, Riccardo Scamarcio...
Sergio, petit escroc provincial, cherche à s'attirer les faveurs de Berlusconi afin de monter en gamme dans le bizness. S'il dispose des atouts nécessaires (de jeunes femmes), il lui faut trouver la connexion idoine. Au même moment, dans sa villa, l'ex "Cavaliere" se prépare à revenir au pouvoir.
La première séquence montre un agneau innocent entrant par mégarde dans la demeure de Berlusconi. Fatale erreur : fasciné par la télévision diffusant un jeu quelconque, il s'écroule raide, traîtreusement pétrifié par la climatisation glaciale, aussi sûrement que par une œillade de Méduse. Malheur à tous ces Icare et Sémélé ayant désiré approcher leur divinité : leur chute sera à la hauteur de leur orgueil. Cette ouverture en forme de parabole résume tellement bien le propos du film qu'on se demande, un peu inquiets, si ce qui suit peut être du même niveau.
Même si le cinéaste italien Paolo Sorrentino (La Grande Bellezza, Youth...) fait une proposition intéressante en abordant Berlusconi par une périphérie canaille et envieuse, en retardant son apparition au deuxième voire troisième acte à la façon du Tartuffe de Molière et en faisant en sorte que personne ou presque ne prononce son nom (comme Voldemort, les protagonistes disent "Lui", ça suffit à l'évoquer/invoquer), la phase d'incarnation efface toutes ces bonnes intentions. Non que l'acteur Toni Servillo démérite (le pourrait-il ?) : ce caméléon est parfait jusqu'au rictus de dentier et au cheveu en plastique. Mais il est forcé de surjouer un personnage déjà caricatural, ce qui ne laisse pas beaucoup de place au sérieux ni à l'excès.
Pitre au carré lâché dans le vortex de putes et de drogue que veut lui servir le naïf Sergio, il ressemble à une parodie de DeNiro x Pecci au milieu d'une séquence de Scorsese. Le spectaculaire gaudriolard passe au premier plan ; le fond critique au second. Une autre métaphore de la politique selon Berlusconi, mais on en attendait quand même plus de l'auteur de Il Divo, qui avait bien rectifié ce vieux machin d'Andreotti...