Édito / L'édito du PB n°1206 du 1er février 2023.
« Marc Levy contre Guillaume Musso : qui est le plus nul ? » Ainsi titre Le Figaro. Un critique littéraire du journal a lu les derniers romans des deux locomotives de l'édition française, « pour essayer de déterminer lequel des deux était le plus consternant. » Soyons honnêtes : on est rebutés par la mièvrerie des livres de Marc Levy (et à dire vrai, on n'a jamais ouvert un Musso ; pas le souvenir en tout cas). Mais rebutés, on l'est surtout par cet article, depuis le choix du titre jusqu'au ton employé, de la première à la dernière ligne. Vaniteux, empli de dédain pour des auteurs qui – eux ? – ne se prennent pas pour ce qu'ils ne sont pas. Qui emplissent les comptes en banque de leurs maisons d'édition et, surtout, transforment des milliers de gens de tous âges en lecteurs (en lectrices, principalement). On se rappelle qu'on est entrés dans la lecture, dans l'enfance, avec Le Club des Cinq et la collection Grand Galop. Plus mièvre, tu meurs ! Et puis, par pitié, désacralisons le livre : oui, on peut être bouleversé par un récit, transporté par une écriture, submergé par une hauteur de vue. On peut aussi avoir envie de se détendre une heure ou deux en bouquinant. Bref ; on est bien placés, au Petit Bulletin, pour dire qu'on est carrément pour la critique. Mais ouvrir un livre en sachant déjà qu'on va le descendre en flèche, par pure jubilation ou suffisance, ça relève de la mesquinerie ; sans parler de cet angle comparatif entre les deux écrivains. Guillaume Musso résume l'esprit général : « En tout cas, nos livres sont moins pathétiques que vos articles. » Bien envoyé.