À l'affiche / Ce qu'on a pensé des films qui sortent dans les cinémas de Grenoble cette semaine.
À voir
★★★☆☆ L'Odeur du vent
Au fin fond de la campagne iranienne, un homme estropié vit dans le dénuement avec son fils malade. Lorsque le transformateur alimentant leur logis en électricité lâche, un technicien est dépêché. Face à la situation, il va se démener pour permettre à cette famille d'être à nouveau reliée au secteur...
Tiendrait-on, avec Hadi Mohaghegh, l'héritier de Kiarostami ? On retrouve en effet dans le parcours – le sacerdoce – de cet employé de l'électricité ainsi que de tous les interlocuteurs qu'il rencontre, cette même obstination qui animait le petit garçon étourdi de Où est la maison de mon ami ? (1987). Mais L'Odeur du vent est aussi un film à double lecture : célébrant l'humanisme et le dévouement pour son prochain ; l'apostolat des fonctionnaires, l'entraide spontanée comme la grande beauté des paysages iraniens, il révèle dans le même temps un pays vieillissant souffrant d'infrastructures délabrées où les éclopés et les mourants sont légion. De ce conte, on peut donc retenir plusieurs morales concomitantes ; être ému et subjugué par l'image et les plans longs valorisant la nature. Avec un petit bémol relatif à la suresthétisation des lumières : si l'on était vétilleux, on pointerait les disparités et incohérences d'ombres entre les séquences ouvrant à plusieurs interprétations fantaisistes – soit la trajectoire du soleil est aléatoire en Iran, soit il y a des ellipses considérables et la chasse au transformateur s'étend sur une bonne semaine. Hors cela, quel beau film !
De Hadi Mohaghegh (Ir., 1h30) Avec Hadi Mohaghegh, Mohammad Eghbali...
★★★☆☆ La Maleta
Employé au service des objets trouvés de Madrid, Mario vit une existence monotone jusqu'au jour où on lui ramène une valise repêchée dans la rivière. Son contenu – les restes décomposés d'un bébé à peine né – n'intéressant pas la police, il se met à enquêter et tombe sur un réseau de trafiquants humains...
Petit polar nerveux se savourant comme on lit un pulp où un héros déjà abîmé croiserait la route d'une femme fatale en détresse, La Maleta est une série B de bon calibre s'attachant exclusivement aux zones grises et interlopes : le passé tu, les objets en déshérence – même le service qui s'en charge a été oublié par l'administration –, les cold cases ; la prostitution occulte dans les hôtels de luxe, ses travailleuses du sexe privées d'identité et leurs enfants illégitimes etc. Un authentique voyage dans les marges bien servi par des ambiances terreuses, avec couleur beige et lumière néon dominante pour désassombrir (plus qu'éclairer) la nuit. Et pourtant, dans ce climat glauque, demeure une flamme ténue de beauté – pas seulement celle des sculpturales partenaires de jeu du héros – s'exprimant dans l'obstination que Mario témoigne à l'égard des causes orphelines ou des choses brisées qu'il tente de raccommoder. Pour Álvaro Morte, ce premier rôle sur grand écran prouve aussi qu'il y a une vie après La Casa de Papel. À suivre...
De Jorge Dorado (Esp.-Arg, -All., 1h48) avec Álvaro Morte, Verónica Echegui, María Eugenia Suárez...
★★★☆☆ L'Amour et les Forêts
de Valérie Donzelli (Fr., 1h45) avec Virginie Efira, Melvil Poupaud, Dominique Reymond...