Justin Bieber : never say never

De Jon Chu (EU, 1h45) documentaire

A un niveau purement cinématographique, cette hagiographie invraisemblable d’un môme de seize ans au brushing céleste confirme une donnée pas franchement capitale : Jon Chu est le genre de gagneuse dont Hollywood n’ose plus rêver. Aux encéphalogrammes incroyablement plats des scripts de Sexy Dance 2 et 3, il avait insufflé des décharges de plans plus ou moins expérimentaux qui parvenaient à faire illusion – suffisamment pour que quelques critiques parisiens s’émeuvent de ces corps d’éphèbes bougeant en cadence. Là, comme la seule matière dont il dispose se limite aux rengaines insipides d’un ado sans autre personnalité que celle imposée par son entourage à la gentillesse inquiétante, Jon Chu laisse complètement tomber ses velléités de formaliste pour jouer sur le fond. En l’occurrence, son film sera messianique. Justin fait ses débuts dans une église ; fait une prière avant chaque show, avant chaque part de pizza ; son staff est composé de saints (c’est le public, pardon, les fidèles qui le disent) qui distribuent avant les représentations les places gratuites comme d’autres la bonne parole ; la seule utilisation de la 3D se fait pendant des scènes de concert, où Justin approche sa main de la caméra comme pour bénir le public de la salle ; durant chaque live, son équipe choisit une élue qui pourra monter sur scène ; etc, etc. Même quand Jon Chu introduit de discrètes touches d’humour qui pourraient ressembler à de la distanciation par rapport à son sujet (les multiples et terrorisantes interventions de fans, les références à la superbe arrogance de sa coupe de cheveux), il ne fait finalement que renforcer la connivence avec son public cible. Tout au plus nous dit-il entre les lignes que chaque époque a le prophète qu’elle mérite. FC

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