Musique / Avec son nom de footballeur titulaire dans l’équipe des Pays-Bas, Chad VanGaalen pourrait passer pour un autre de ses specimens folks qui fleurissent en Europe actuellement. En fait, le garçon vient de Calgary, froide ville du Canada anglophone qui accueillit en son temps les J.O. d’hiver, et entre deux disques exerce le métier d’illustrateur (il fait ainsi ses propres clips, recommandés). Est-ce la rudesse du climat ou une inclination naturelle du garçon, mais
The Soft Airplane, son troisième album, est un prototype de glaciation pop dont le thème exclusif semble être rien moins que la mort. Il faut être un peu marteau pour ouvrir un disque sur une chanson en forme de testament, où VanGaalen réclame qu’on l’incinère puis qu’on disperse ses cendres dans la mer. Plus tard, il chantera inlassablement, en guise de déclaration d’amour,
«je te trouverai et je te tuerai». Sympa, non ? Bricolé dans sa cave avec un banjo, un sampler, de vieilles guitares, un accordéon et un harmonica, ce qui lui donne des allures de Neil Young du dimanche (pluvieux), l’album ne donne pas pour autant envie de se jeter par la fenêtre. Certes, Chad VanGaalen sait faire rimer Calgary avec mélancolie, mais on sent que tout cela a pour lui des vertus cathartiques. Il y a même ici et là des pointes d’humour noir qui prouvent que l’auteur regarde cette prose dépressive avec une distance bienvenue et jamais complaisante. Un exemple : quand il dit qu’il «entend les pleurs des morts», il ajoute juste derrière «ce sont peut-être tes voisins qui mangent le chien dans leur cave…». Définitivement sympa, Chad ! CC
Chad VanGaalenAu Sirius, dimanche 7 juin
«The Soft airplane» (Sub Pop/PIAS)
