Eyehategod, 25 ans de poisse

Eye hate god + Dopethrone + Red mourning

Ô Totem

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Au terme d'un chemin de croix de près de quinze ans, Eyehategod fait son grand retour. Warning : les darons du sludge, cette descendance infernale et typiquement louisianaise du blues, n'ont rien perdu de leur rage. Benjamin Mialot

La Louisiane, ses enfants qui mâchouillent des écrevisses bouillies sous un soleil sans vent, ses trompettistes souriants et bien intégrés, ses marécages bucoliques où il fait bon siroter un brandy... Niaiserie post-Nino Ferrer que tout ça ! La Louisiane est un enfer vert bruissant de tensions raciales, où la mort a de grandes dents – une quarantaine rien qu'à la mâchoire supérieure – et la viande un arrière-goût de misère.

C'est en tout cas l'image, tachée de tourbe et cornée par le feu, qu'en renvoie depuis la fin des années 80 toute une f(r)ange de musiciens versés dans l'art chaotique et dégoulinant de haine du sludge, une musique empruntant au southern rock son hostilité travestie en décontraction, au doom metal sa pesanteur et son pessimisme démesurés et au punk hardcore son sens de la fureur à grande vitesse – et dont le nom désigne à l'origine l'espèce de mélasse résultant du traitement des eaux usées, miam.

Jésus, que ma joie se meurt

Avec Crowbar et Acid Bath, Eyehategod est sans conteste le groupe le plus emblématique de ce mouvement quasi folklorique. Y compris au sens pittoresque du terme. Formé en 1988 au cours d'une dégustation d'acides sur fond de Black Sabbath, le quintet emmené par Jimmy Bower, prototype du guitariste qui a renoncé à une belle carrière de bûcheron et père spirituel du bruitisme façon Deep South, a en effet connu toutes les affres du rock'n'roll.

Et bien failli ne pas y survivre : disputes, addictions, emprisonnement d'un membre fondateur, décès d'un autre, le tout décuplé par un ouragan nommé Katrina, du début des années 2000 à sa miraculeuse résurrection discographique l'an passé, Eyehategod a connu une suite de déveines aux airs de punition divine.

Il l'a, façon de parler, bien cherché, enregistrant entre temps quatre monuments d'impiété – en tête Take as Needed for Pain en 1993 – où, s'il est question de multiplication de pains, c'est entre deux changements de rythme intempestifs et sous la forme de larsens, de riffs tellement sous-accordés et distordus qu'ils font l'effet de crochets au foie et de douleurs – principalement psychiques et laryngales, Mike Williams hurlant sa misanthropie avec la conviction d'un rougarou pris dans un piège à loup. Parfois, le diable ne fait pas dans le détail. Son appel n'en est que plus irrésistible.

Eyehategod [+ Dopethrone + Red Mourning]
A la MJC Ô Totem, Rillieux-la-Pape, mercredi 22 avril

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