Mardi 15 octobre 2019 Le Padre padrone de la famille Coppola arrive cette semaine pour recevoir son dû lyonnais. Plus que la jolie plaque en bois gravée à son nom, c’est l’ovation associée qui devrait lui arracher l’un de ses trop rares sourires. En l’attendant,...
Festival Lumière 2019 : de plus en plus Ford !
Par Vincent Raymond
Publié Mardi 11 juin 2019
Photo : "Le Parrain" © DR
Lumière 2019 / Coppola en tête d'affiche, le retour de Ken Loach, des zombies et Bong Joon-ho. La première fournée d'annonce du Festival Lumière 2019 a été faite. Préparez vos coups de cœur !
« Un démiurge », « un mammouth ». C'est par ces mots que le directeur de l'Institut Lumière a salué le récipiendaire du Prix Lumière 2019. Onzième à recevoir la distinction (mais lauréat de « l'édition des dix ans », pour reprendre les termes du directeur du festival), Francis Ford Coppola et sa légitimité ne sauraient être contestés. Riche d'une carrière s'étendant sur six décennies, jalonnée d'œuvres fondatrices, marquantes ou à (re)découvrir, le jeune octogénaire figure parmi les créateurs du Nouvel Hollywood et demeure un inlassable expérimentateur. Entré au Panthéon cinématographique bardé de lauriers il y a quarante ans — il avait alors déjà décroché deux Palmes d'Or, deux Oscars du Meilleur film —, le cinéaste n'a depuis cessé de remettre le fruit de ses succès dans de nouvelles aventures cinématographiques, composant une œuvre où, régulièrement, la jeunesse américaine voit ses ambitions fracassées par les guerres ou les crises.
S'il faut s'attendre (avec impatience) à la traditionnelle rétrospective et à la masterclass du cinéaste, on peut espérer que celui-ci vienne en famille, accompagné par son épouse (et réalisatrice) Eleanor, sa fille (et réalisatrice) Sofia, son fils (et réalisateur Roman), voire son neveu Nicolas Cage — pour ne citer que le plus proche cercle. Quant à la personnalité qui lui remettra le Prix Lumière, il serait classe de voir conjointement son vieux camarade (et prédécesseur à Lyon) Scorsese et/ou la paire Pacino/DeNiro lui tendre le trophée sur la scène du Palais des Congrès le 18 octobre. Patience...
Renaissances
Une nuit permettra en tout cas de les revoir “ensemble” : celle de la Trilogie du Parrain le samedi 29 octobre à la Halle Tony Garnier — Halle qui accueillera également une séance jeune public autour de Chaplin et une Nuit au parfum de saison puisqu'elle est vouée à la Trilogie Zombie de George A. Romero, en copies restaurées, naturellement — on aurait presque envie de dire dommage, tant la décomposition participe du charme du zombie !
Les restaurations, en revanche, font partie de la raison d'être du Festival Lumière qui accueillera celle de l'un des monuments d'Abel Gance, La Roue. Une odyssée de sept heures ressuscitée par Pathé, projetée en deux épisodes et accompagnée par l'ONL à l'Auditorium. Autre vestige sauvé — les images-tests sont impressionnantes — : Dans la nuit. Considéré comme l'ultime long-métrage muet du cinéma français (c'était avant The Artist, bien sûr) ce film tourné à Jujurieux, réalisé et interprété par le comédien Charles Vanel fut longtemps perdu ; le voici à nouveau visible, lumineux, escorté par une partition original de Louis Sclavis.
Et c'est par les mots et la parole que Clémentine Autain ranimera le souvenir de sa mère, la comédienne Dominique Laffin disparue précocement en 1985, à qui elle a consacré un ouvrage, Dites-lui que je l'aime — du nom du film de Miller.
Retours
Au chapitre des invitations, Lumière 2019 sera notamment l'année de Daniel Auteuil et de Marina Vlady. Deux comédiens aux parcours éclectiques et bien distincts, qui profiteront de leur venue pour parler sans doute littérature — l'une est également autrice, l'autre devrait effectuer des lectures, notamment de Paul-Jean Toulet. Le festival n'aimant rien tant que conjuguer patrimoine et actualité, la présence de Daniel Auteuil coïncidera (quel hasard) avec l'avant-première lyonnaise de La Belle Époque de Nicolas Bedos. Autre heureux hasard, la présence au même moment de Ken Loach, qui accompagnera la sortie de son Sorry we missed you et tiendra la masterclass qu'il n'avait pas donnée l'année de son Prix Lumière, en 2012.
Puisque l'on est dans les transferts/transfuges de Cannes, comment ne pas signaler la présence de Bong Joon-ho, vainqueur de la Palme d'Or avec Parasite ? Le cinéaste coréen effectuera son premier pèlerinage Rue du Premier-Film pour l'occasion ; on espère une rétrospective de sa courte mais marquante carrière (notamment The Host, Le Transperceneige et pourquoi pas, Okja sur un vrai grand écran de cinéma en sa présence).
Loin d'être exhaustif à ce jour, le programme compte encore deux sections de taille. D'abord, la rétrospective André Cayatte, qui mettra en lumière le versant le moins connu du spécialiste des films à procès, à thèse et à dossier — l'occasion, par exemple de revoir Le Miroir à deux faces ou Le Passage du Rhin. Ensuite, une sélection baptisée Forbidden Hollywood d'œuvres de la Warner Bros. tournées avant 1934 et l'entrée en vigueur Code Hays — lequel corsetait drastiquement les productions en faisant régner la morale des ligues de vertu.
Pour connaître les titres des films choisis pour l'ouverture, la clôture, la remise du Prix Lumière, les noms des autres invités, les autres rétrospectives — et notamment celle dédiée à la femme cinéaste dont l'histoire permanente est habituellement célébrée — il faudra attendre la fin du mois d'août. Ou voyager dans le temps comme Peggy Sue...
11e Festival Lumière
Du 12 au 20 octobre
à lire aussi
vous serez sans doute intéressé par...
Mardi 15 octobre 2019 Au cœur du Festival Lumière se tient pour la septième année un rendez-vous dédié aux professionnels : le Marché International du Film Classique. L’occasion de se pencher sur la “grandeur (et la décadence ?) des petits commerces de cinéma“ pour...
Mardi 15 octobre 2019 En un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, les superproductions en 70mm et les grands classiques passaient à 20h30 sur les six chaînes hertziennes… mais plus dans les salles. Le point commun de ces films ? L’immensité au...
Mardi 15 octobre 2019 En guise d’amuse-rétines nocturne, Gaspar Noé a composé un appétissant sandwich cinématographique qui devrait teinter d’une belle couleur rubis les rêves de ses spectatrices et spectateurs. Estomacs délicats et autres ténias, passez votre chemin.
Mardi 8 octobre 2019 Il est amusant d'observer que le chorégraphe Yuval Pick reprenne cette semaine l'une de ses meilleures pièces (Acta est fabula, 2018), juste avant (...)
Mardi 8 octobre 2019 Des films par dizaines, des projections par centaines, des invités… par milliers ? Peut-être pas, mais suffisamment pour que chaque spectatrice ou (...)
Mardi 3 septembre 2019 Francis Ford Coppola, Bong John Ho, Ken Loach, Daniel Auteuil et Marina Vlady ne seront pas seuls à visiter les salles obscures lyonnaises en octobre prochain : Frances McDormand, Donald Sutherland, Marco Bellocchio, Gael Garcia Bernal ou Vincent...
Mardi 3 septembre 2019 Cassavetes, Coppola, Carpenter, Clint… Étrange convergence d’initiales, mais surtout de prestigieuses signatures à l’affiche de l’Institut Lumière en ce mois de septembre, où l’on joue avec vertiges du rétroviseur et de la lorgnette.
Mardi 11 juin 2019 Le Prix Lumière 2019 sera décerné à Francis Ford Coppola au cours de la 11e édition du Festival Lumière qui se tiendra du 12 au 20 octobre à Lyon.
Lundi 17 septembre 2012 Une main qui tire les ficelles d’une marionnette invisible. Une trompette étouffée qui interprète une mélodie aux accents italiens. Une phrase devenue (...)
Jeudi 5 avril 2012 Adoptant l'adage bressonien voulant que le public ne sache pas ce qu'il veut, Francis Ford Coppola ne se soucie plus de plaire, il est libre. L'Homme (...)
Mercredi 16 décembre 2009 De Francis Ford Coppola (Esp-It-Arg, 2h07) avec Vincent Gallo, Alden Ehrenreich…
Mercredi 21 novembre 2007 De Francis Ford Coppola (Fr-Roum-All, 2h20) avec Tim Roth, Bruno Ganz...