Politique Culturelle / François Bordry, président des Biennales, a brutalement démissionné, mettant en cause la Métropole. Le vice-président à la Culture, Cédric Van Styvendael, réagit.
Coup de tonnerre, ou coup d'épée dans l'eau ? Si certains, prompts à sauter sur l'énième polémique anti-écolo, ont bondi sur les propos virulents du désormais ex-président de la Biennale de la Danse (« La Métropole conduit une politique marquée par une absence totale de concertation avec les associations et les institutions chargées de mettre en œuvre l'action culturelle »), dans les faits, la démission de François Bordry ressemble plus à un règlement de comptes à retardement — l'homme devait initialement quitter son poste le 14 décembre dernier. Il n'en reste pas moins que, combiné aux autres sujets fâcheux reliant la culture et la Métropole de Lyon (la micro-révolte de Bruno Bernard pour ouvrir de force le Musée des Confluences avant de faire volte-face, Fagor-Brandt, l'Arena de Décines...) comme à la démission surprise de Dominique Hervieu, directrice de la Maison de la Danse, à force, ça fait tâche dans un bilan : les discordances rythment inexorablement le mandat de Bruno Bernard, côté Culture, comme dans d'autres domaines, éclipsant ses mesures phares et courageuses sur lesquelles il pourrait fédérer à gauche — la régie publique de l'eau ou l'encadrement des loyers. Sa méthode de gouvernance autoritaire est évidemment en cause, mais on peut aussi évoquer un manque d'anticipation, peut-être dû à la constitition d'un cabinet d'écologistes venus d'ailleurs, peu au fait des réseaux lyonnais, ce qui finit par leur exploser au visage régulièrement. Ce qui semble encore le cas dans cette nouvelle péripétie concernant les Biennales, qui aurait sans doute pu être éteinte avec un peu plus de dialogue préalable.
Nuits sonores vers La Saulaie
Car passé le choc de la brutale décision du président de la Métropole de mettre fin à l'aventure Fagor-Brandt qui aurait largement mérité d'être pérennisée, passées les excuses d'un cabinet confus auprès des acteurs culturels majeurs que sont Nuits sonores, les Biennales et le Lyon Street Food Festival, tout le monde s'était mis autour de la table pour discuter de l'avenir et trouver des solutions. En décembre, une visite du site de la SNCF à La Mulatière a été organisée en compagnie, notamment, des régisseurs pour valider les points techniques. Et celle-ci s'est révélée concluante, plusieurs doutes — en particulier sur la disponibilité du site en 2024, ont été en partie levés. La possibilité d'utiliser une partie du site ne nécessitant pas d'être dépolluée, utilisée encore récemment pour des bureaux de la logistique de la SNCF, a ainsi été évoquée. Vincent Carry, directeur de Nuits sonores, confirme : « nous ne sommes pas du tout dans le clash à Nuits sonores. Si on peut aller au Technicentre de La Mulatière, ce sera parfait : la visite avec notre directeur technique, Julien de Lauzun, s'est bien passée. L'itinérance est dans l'ADN de notre festival. »
Un ou une remplaçante choisie en avril
François Bordry, qui était président des Biennales depuis 2018, a bien évidemment mal pris de ne pas être tenu informé du devenir de Fagor-Brandt et de l'incertitude entourant l'avenir de la structure. C'est la faute originelle des élus de la Métropole, des écologistes comme de leur allié socialiste Cédric Van Styvendael resté dans l'ombre. Lequel a ainsi réagi à cette démission auprès de nous : « je suis tombé de ma chaise. Cette démission n'en est pas une, on avait prévu depuis un an que François Bordry partirait le 14 décembre. Le départ de Dominique Hervieu a changé la donne. On avait la veille de cette "démission" validé le tour de table financier et le fait qu'il reste jusqu'à l'arrivée de la nouvelle directrice. J'ai découvert avec stupéfaction son communiqué. C'est une mise en scène de son départ alors que nous étions d'accord. »
Le ou la remplaçante de Dominique Hervieu, qui conservera, après réflexion des tutelles, le cumul des fonctions à la Maison comme à la Biennale de la Danse, sera audité par le jury en avril prochain — six candidats étant retenus initialement de manière paritaire.
Côté Fagor-Brandt, les travaux de réhabilitation pourraient être terminés dès la fin 2023 et outre les structures citées, la recyclerie culturelle serait installée également à La Saulaie. « Les délais dépendront seulement des négociations avec la SNCF, assure Cédric Van Styvendael, et je n'ai aucun indicateur d'alerte pour l'instant. » Ce n'est pas pour autant rassurant, au vu des multiples surprises émaillant les dossiers culturels ces derniers mois à la Métropole...