Pilo : le collège Truffaut rouvre et ça commence avec ce resto

Pilo : le collège Truffaut rouvre et ça commence avec ce resto

Restaurant / Fermé depuis dix ans, cet ancien collège du haut des Pentes qu'est le Collège Truffaut a été réhabilité notamment pour accueillir une auberge de jeunesse et, donnant sur la cour de récré, un bar-restaurant ouvert sept jours sur sept : Pilo. 

Les Pentes de la Croix-Rousse furent au pic de l'activité de tissage l'un des quartiers les plus denses d'Europe : on estime qu'elles furent peuplées de plus de 80.000 habitants au km2 (soit le double d'une ville comme Le Caire aujourd'hui). De nos jours, sa densité est encore trois fois la moyenne lyonnaise. Les surfaces y sont donc rares, surtout pour concevoir des lieux partagés. Il va sans dire que les trois projets de réhabilitation de bâtiments publics qui patientent depuis des années sont attendus de pieds ferme : on parle de l'ancienne école des Beaux-Arts, fermée depuis 2007, du Collège Truffaut, vide depuis 2013, et on pourrait ajouter la salle Rameau fermée en 2016. Pour l'une, c'est flou (un tiers-lieu de la transition écologique ?), pour la dernière c'est plus clair (réouverture 2024), pour le second c'est maintenant. 

Le Collège Truffaut fut ouvert en 1887, il accueillait filles et garçons, mais dans deux ailes séparées, avant de devenir mixte, et finalement de fermer en 2013 quand ouvrit celui de La Tourette, juste un peu plus haut. Laissé vide, il fut brièvement occupé pour réclamer le relogement de familles dormant dans la rue. Depuis, il tombait en décrépitude avant que, sous la précédente mandature, la mairie ne décide d'en faire un lieu « mixte, dédié à la jeunesse et ouvert sur le quartier ». Reprenant le projet, l'actuel maire Grégory Doucet annonçait : « un objet patrimonial au service de ses habitants, demain l'un des hauts lieux du 1er arrondissement ».  Concrètement ? La SACVL y fait construire une résidence étudiante, qui cohabitera avec une crèche (la « jeunesse »...), tandis que le gymnase, rénové, devrait accueillir « le premier pôle de création de BD européen » (la jeunesse lit des bédés). Enfin, une portion du bâtiment est dédiée à un « hostel » (une auberge.. de jeunesse) nommé Pilo

Pilo, comme "pillow" (traduction : oreiller), s'inscrit dans la lignée des auberges new look (Lyon connaît déjà HO36 ou Away Hostel) : moins pour backpackers que brunchers ou noceurs. On y trouve donc des lits en dortoirs de 4 à 18 personnes (à partir de 25€), mais aussi de classiques chambres d'hôtel (à partir de 85€) — c'est semble-t-il ce qu'on appelle « challenger le secteur de l'hôtellerie en France ».

Pas dit que les étudiants de la résidence en profiteront

Ce qui nous intéresse ici, c'est le bar-restaurant en rez-de-chaussée : une cantine, pourrait-on dire, puisqu'on annonce tout de même 150 couverts. L'espace est soigné — architecturé par Archipat et l'agence CUT qui a promis « un lieu convivial digne d'une auberge sans faire de croix (-Rousse) sur le confort d'un hôtel » [le jeu de mots n'est pas de nous]. On apprécie que les références au passé scolaire restent légères : à peine note-t-on les espaliers au mur, et des chaises qui peuvent rappeler celles d'un réfectoire, comme les étonnantes banquettes en pierre, les bancs d'une cour. L'espace est clair et lumineux, complètement vitré.

Les menus sont écrits sur un mur qui sert de semainier et proposent des plats très classiques : poulet-frite, chou farci, œufs mayo, saucisson chaud et purée. On a pu tester un velouté de légumes, avec un trait de crème et des bouts de lard, chaud et revigorant, une focaccia garnie de légumes rôtis, en manque de chaleur et d'assaisonnement, un riz frit, mêlé d'omelette, carottes et champis, qui faisait le taf, et des profiteroles sans originalité.  Un menu de bistrot donc, qu'on pourrait vouloir faire son repas quotidien, sauf qu'il est à 22€ tout de même — pas dit que les étudiants de la résidence en profiteront. 

À noter : le brunch (œufs Bénédicte ou pancakes, granola, boisson chaude et jus pour 20€), l'espace de corworking (10€ avec café et cookie) et le fait qu'une partie des produits vienne du quartier, on pense aux focaccias et brioches de chez Bonomia et au café de chez Placid. 

Pilo, 10 montée des Carmélites, Lyon 1er
Petit déjeuner dès 7h, restauration le midi et le soir (plats 12-15€), brunch le week-ends, de 10h à 15h
Café à 2€40, le demi de blonde est à 4€

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