Quartier Capucins : le changement c'est maintenant. 

Boire et manger / Une renaissance (Odessa), une passation (Placid devient Cobalte), un rachat (La Boîte à café) : trois totems du bas des Pentes changent (dans la continuité). 

A Lyon on entrait dans le café de spécialité par Mokxa. Chronologiquement, personnellement, professionnellement. Le torréfacteur fut le premier à faire souffler un vent nouveau et caféiné entre Rhône et Saône (les sélections parcellaires, la torréfaction lente, les extractions douces), grâce à son atelier de torréfaction, mais aussi au premier "vrai" coffee shop de la ville, rue des Capucins. On y découvrait les shots d’espresso acidulés, les premiers V60 et la magie du Chemex (café-filtre à la main). Au moment où la concurrence s’intensifiait, l’endroit a fini par décliner, racheté par une chaîne suisse (Arctic Café). Il continuait malgré tout de servir des grains Mokxa et l’un des anciens barrista, Terry Bernard, s’accrochait à la barre. Ce dernier a bien fait de tenir bon, puisqu’il vient d’arracher le spot à son emprise helvétique avec l’aide d’une autre ex-employée, Amélie Michel. Le lieu a gardé son charme : trop exigüe pour qu’on y étale des laptops et une jolie terrasse. Terry et Amélie y servent des grains de leur ancien employeur, mais commencent aussi à introduire de nouveaux torréfacteurs. « Mokxa c’est l’entrée dans le café de spécialité  (NDLR : de gamme notamment, avec des paquets à moins de 10€) mais on voulait mettre en avant d’autres choses : ce que l'on buvait nous ». Cette semaine-là, du café berlinois de chez Bonanza, 17€ le paquet d’Ethiopien (prix élevé, mais le même que sur internet), incroyable de douceur (celle d’un caramel clair), parfait le matin. A noter qu’on peut aussi grignoter des cookies, scones, parts de pizza, banana bread, tous faits maison par un certain Robert Flaherty. 

Un grain de café

Son nom nous amène dans la rue parallèle, où niche un autre fameux lieu du quartier qui initia bon nombre d’entre nous non plus au café, mais au vin naturel : Odessa Comptoir. Situé en face du Passage des créateurs, le bistrot, ouvert par Mathieu Kochen et tenu par David Shayne, a connu un incendie pour Noël, et vient juste de rouvrir. L’équipe en a profité pour éclaircir le lieu (toujours meublé de tables en formica, un long miroir vient remplacer l’arrière de bar surchargé de bouteilles vides, la musique reste discrète). Et pour ouvrir désormais au déjeuner - et c’est donc Rob qui cuisine. De notre côté on s’est posé le soir, pour profiter de la carte des vins - qui reste à distance de l’esprit "poseur" qui anime parfois le milieu du "vin vivant". Il y avait comme prévu de belles choses au verre (dont du Jura de Ratapoil et du Languedoc de Coutelou), mais aussi dans l’assiette. Mention spéciale aux buns salés, farcis au chorizo ou à l’ail des ours, mais aussi à cet étonnant artichaut-raclette-citron, le légume vidé de son foin, remplacé par un siphon de fromage, qui s’accommode particulièrement bien de zestes de citron - on trempe les feuilles d’artichaut dedans. Enfin, un dessert qui ne paye pas de mine, le pudding chômeur, recette québécoise, un genre de quatre-quart imbibé de sirop d’érable et ici rafraichi d’une belle cuiller de crème crue. 

Lieu de vie


Si l’on veut être complet concernant ce pâté de maisons hyperactif du bas des Pentes de la Croix-Rousse, ajoutons qu’entre Odessa et la Boîte à café, à mi-chemin (tant géographiquement que dans l’objet  : à la fois coffee shop et restaurant), Placid a changé de main et d’enseigne pour devenir Maison Cobalte. Valentin Cachon, cuistot, et Mélanie Garrabos, « engagée dans le milieu culturel » veulent ici animer un  lieu de vie à la croisée de l’art et de la cuisine. Le premier se manifeste notamment par des expos temporaires, la seconde s’exprimait, la semaine de l’ouverture, à travers un efficace menu déj' (un oeuf mollet posé sur une purée d’épinard, noix, pickles de carottes et radis, suivi d’un plat de pâtes maisons, sauce au brebis, petites asperges vertes et croquantes, enfin une plus simple, très simple, soupe de fraises).  A toute heure on trouve ici du café de marque Placid, pour accompagner un cookie, ou un croque-monsieur++, fait à partir du pain de l’excellente boulangerie Bonomia. 

La Boîte à Café 
3 rue de l'Abbé Rozier
Tous les jours de 8h (9h le samedi, 10h le dimanche) à 18h

Odessa Comptoir
14 rue René Leynaud
Du lundi au samedi de midi à 14h (sauf samedi) et de 18h à minuit
Menu déjeuner 22€

Maison Cobalte
23 rue René Leynaud
Du mardi au samedi de 11h30 à 20h (21h le samedi)
Menu déjeuner 22€

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