Guillermo Guiz : Guy luxe

Guillermo Guiz

Radiant-Bellevue

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Humour / L'un des meilleurs spectacles de stand-up du moment s'appelle "La Formidable ascension sociale temporaire de G. Verstraeten". Un titre à rallonge signé Guillermo Guiz, enfant d'un milieu populaire qui livre une réflexion acide sur sa condition d'artiste nouveau bourgeois. À voir au Toboggan jeudi 2 mai, au Radiant-Bellevue samedi 8 juin et à la Bourse du travail mardi 28 janvier 2025.

Il faudrait venir dans la salle avec un stylo et un calepin ; ou plutôt un dictaphone, tant la diction est rapide, les blagues et les traits d'esprit s'enchaînant à un rythme ne permettant pas de tous les digérer – et, donc, prosaïquement, de les inscrire sur une feuille. Il faudrait ainsi pouvoir capturer cette boulimie de phrases pour la goûter encore et encore, en saisir les subtilités et s'en souvenir dans les moindres détails afin de briller dans les dîners en ville. Mais est-ce vraiment ce que cherche l'hôte de ce repas ?

Avec La Formidable ascension sociale temporaire de G. Verstraeten, Guy Verstraeten, humoriste connu sous le nom de Guillermo Guiz (son pseudo Facebook plus jeune) et entendu pendant six ans sur France Inter, fait simplement le bilan de sa vie. Celle d'un jeune quadra contraint de livrer un troisième spectacle sans trop y croire – il faut bien payer les factures et changer son Velux.

N'a-t-il pourtant pas déjà tout raconté dans ses deux précédents solos, lui l'enfant d'un milieu populaire qui s'est ensuite engouffré dans un ascenseur social qui lui a plutôt bien réussi ? D'ailleurs, peut-on encore avoir des valeurs associées à la gauche quand on s'est embourgeoisé sur sa droite ? Et a-t-on toujours le droit d'aimer les hot-dogs frites lorsqu'on a les moyens de s'offrir des restaurants chics ?

« Suis-je devenu une merde ? » 

Tant de questions auxquelles Guillermo Guiz s'évertue à répondre sur scène avec pas mal d'autodérision, moquant notamment le statut de l'artiste, qu'il a l'impression d'usurper quand il se compare à Van Gogh, ou la vacuité de son métier face à l'urgence climatique.

En 1h30, il met également en place de savoureuses digressions (que ce soit sur son état d'homme blanc hétérosexuel ou sur les hôtels en tournée) et un humour noir particulièrement efficace. Les blagues sur le petit Grégory sont vues, revues et souvent attendues ? Pas ici. Celles sur le confinement ? Les siennes sont d'une rare pertinence, à base de pote SDF qui squatte en bas de son immeuble, alors que tout semblait avoir été dit sur cette histoire de crise sanitaire. Même celles sur Vianney, chanteur mal-aimé victime de pas mal de scuds d'humoristes en ce moment, fonctionnent parfaitement !

Nonchalance désarmante

Surtout, Guillermo Guiz l'imposteur, qui se rêvait footballeur et a été un temps journaliste, renvoie dans les cordes pas mal de collègues qui se pensent fabuleux parce qu'ils ont eu leur quart d'heure de gloire numérique, qu'importe le travail fourni sur l'écriture, le style, l'originalité...

Malgré sa « molle » notoriété (pour reprendre l'adjectif qu'il utilise quand il parle de sa quarantaine), il survole de haut ses (trop nombreux aujourd'hui s'agacerait-il presque – « un fléau ! ») camarades de jeu. Et pose là, sans avoir l'air d'y toucher, avec une nonchalance désarmante, l'un des plus réussis spectacles d'humour de ces dernières années. On ne l'avait pas vu venir !

Guillermo Guiz – La Formidable ascension sociale temporaire de G. Verstraeten
Au Toboggan (Décines-Charpieu) jeudi 2 mai
Au Radiant-Bellevue (Caluire-et-Cuire) samedi 8 juin
À la Bourse du travail (Lyon) mardi 28 janvier 2025

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