Théâtre / Dans le TNP qu'il dirige, Jean Bellorini présente sa nouvelle création, "Histoire d'un Cid", version édulcorée et survitaminée de la tragi-comédie de Corneille.
Tout est né d'une commande : faire le spectacle des Fêtes nocturnes de Grignan. La pièce y a été créé en juin dernier et jouée 40 fois cet été ! Pas question, devant un public moins averti qu'à Avignon, d'y donner du Valère Novarina. Quand bien même Le Jeu des ombres, donné dans la Cour d'honneur, était flamboyant et remarquablement baroque. Cependant Jean Bellorini ne se renie pas du tout. Lui qui a monté Rabelais, Hugo, Proust, Shakespeare avec entrain, en musique et en chansons a choisi Corneille et un Cid qu'il revisite et resserre en 1h40. Il garde quatre personnages au cœur des enjeux de pouvoir de l'aristocratie européenne : Chimène et Rodrigue qui, tout en secondant un temps leurs pères rivaux, vont s'aimer. Deux musiciens (percussions et clavier) et les actrices et acteurs fétiches (Karyll Elgrichi, François Deblock) du metteur en scène chantent et s'en donnent à cœur joie. Évoluant dans un décor enfantin (cheval à bascule, petit bateau et surtout grosse structure de château gonflable) qui accentue le rythme enjoué et survolté de ce travail. Presque trop. Des airs de variété redondants passent par là, moins réjouissants que de constater que les alexandrins sont devenus des punchlines. « Ô rage ô désespoir... », « la valeur n'attend pas le nombre des années », « vas, je ne te hais point » ont traversé les siècles.
Histoire d'un Cid
Du 27 novembre au 20 décembre au TNP (Villeurbanne) ; de 7 à 26€